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Charlot soldat (Shoulder arms) – de Charles Chaplin – 1918

Classé dans : 1895-1919,CHAPLIN Charles,COURTS MÉTRAGES,FILMS MUETS — 23 février, 2018 @ 8:00

Charlot soldat

La fin du film et son « switch » tellement attendu m’ont toujours un peu frustré, comme l’une des rares facilités que Chaplin se serait accordé tout au long de sa carrière. Comme si Chaplin justifiait après coup toutes les facilités du scénario, et le caractère héroïque de son personnage, chez qui ne subsiste plus la moindre lâcheté, ni la moindre bassesse. Bousculé par une partie de l’opinion qui reproche à ce Britannique d’avoir passé les années de guerre bien peinard à Hollywood, Chaplin semble alors plus prudent que jamais.

Cela étant dit, Charlot soldat reste un film absolument formidable, et cette facilité finale n’enlève rien aux formidables trouvailles comiques qui émaillent le film. Il y a la fameuse scène où Charlot se déguise en arbre pour espionner (et assommer) l’ennemi. Il y a aussi celle, extraordinaire, où il se cache dans la maison d’Edna Purviance, dont il ne reste que quelques pans de murs. Mais c’est sans doute dans la première séquence que le génie de Chaplin s’exprime le mieux: celle des tranchées.

Là, Chaplin filme la pire des misères, les pires des horreurs, avec un sens comique exceptionnel. Et si son film est si fort, c’est qu’il édulcore à peine la réalité : les images qu’il nous montre des tranchées sont d’un réalisme troublant. On sent la boue, l’humidité (et pour cause, les hommes finissent par dormir quasiment sous l’eau), les balles ennemies, la promiscuité, la mort omniprésente… Mais tout cela est l’occasion d’enchaîner les gags : le tir aux pigeons, la scène de l’inondation…

Pourtant, il y a une sorte de gravité quasiment omniprésente, et qui n’est d’ailleurs pas totalement inhabituelle chez Chaplin : cette très belle scène où il est le seul à ne pas recevoir de colis dans la tranchée, est à la fois triste et très drôle par la superbe dont le personnage ne se départ pas. Là, il est bel et bien ce vagabond à la dignité à toute épreuve. Mais il y a aussi une gravité plus profonde, cette volonté aussi de pointer du doigt l’absurdité de la guerre et le gâchis des vies perdues.

Lorsqu’il donne la fessée à un officier allemand, ou lorsqu’il s’offre un geste héroïque qui suffirait à lui seul à mettre fin à la tuerie… Chaplin dévoile avec drôlerie et une légèreté assumée un pacifisme auquel il donnera des mots et une gravité plus profonde plus de vingt ans plus tard, dans Le Dictateur.

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