Les Rôdeurs de la plaine (Flaming Star) – de Don Siegel – 1960
On ne peut pas dire que la filmographie d’Elvis soit la plus brillante du monde. Dans la grande majorité de ses films, les producteurs se contentent de jouer sur son image de star à la belle gueule. Autant dire que ce Flaming Star fait figure de brillante exception. Parce qu’Elvis s’y révèle d’une grande intensité, et très crédible en métis, fils des amours d’un blanc (John McIntire, toujours impeccable) et d’une Indienne (Dolores Del Rio, toujours très belle, trente-cinq ans après ses débuts). Et parce que le film est excellent, tout simplement.
Siegel, cinéaste qui sait mieux que quiconque filmer la violence sèche, est fidèle à sa réputation avec cette histoire de conflit naissant entre des colons qui vivaient en paix jusque là, et les Kiowas qui se sentent à juste titre lésés de leurs terres. Mais le réalisateur dévoile aussi un vrai sens du tragique, rare dans son oeuvre. Car le ton n’est pas à la rigolade dans ce western crépusculaire : pour le personnage d’Elvis, symbole de l’harmonie impossible entre ces peuples, le destin est pavé de sang et de mort.
Le film est beau, notamment parce que Siegel ne surinterprète pas les événements tragiques qu’il filme. Il commence son film par une scène d’insouciance autour d’un anniversaire, et cela suffit pour faire ressentir le sentiment de gâchis, presque de paradis perdu. La belle harmonie qui règne entre tous ne tient en fait qu’à un fil. Et Elvis, qui pousse gentiment la chansonnette lors de ce moment d’insouciance, n’aura plus l’occasion de mettre en avant son organe, ce qui était pourtant un passage obligé sur tous ses films.
Même dans cette scène d’ailleurs, l’insouciance est toute relative, et la chanson qu’entonne Elvis est loin de son registre habituel. Les fans du chanteur ont toutefois pu se consoler avec la très belle chanson du générique… et en réalisant à quel point Elvis est un acteur convaincant, et subtil, qui sait donner à son personnage un mélange de force et de fragilité.
Déchirant, le film est parsemé de scènes de violence et de morts qui, toutes, frappent juste et fort. Celle de l’ami Indien d’Elvis, celle du père, celle de la mère surtout, visuellement somptueuse avec ce vent qui balaye tout. Siegel signe là son meilleur western, utilisant les grands espaces comme il le fait de ses décors urbains habituels.
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