La Planète des singes : les origines (Rise of the Planet of the Apes) – de Rupert Wyatt – 2011
Comment une idée qui semblait toute foireuse a abouti à l’un des blockbusters les plus stimulants de ces dernières années. Non, parce que je ne veux pas spoiler la trilogie, dont je viens tout juste de découvrir le premier volet, mais on sait parfaitement comment tout ça va finir : la domination de singes intelligents et dotés de la parole, la quasi-extinction de la civilisation humaine… Cette histoire fait partie des classiques de la SF depuis 50 ans, depuis la fameuse adaptation du roman de Pierre Boulle avec Charlton Heston.
En pleine vogue de remakes-reboots-suites-prequels-adaptations, ces grosses machines souvent dépourvues d’idées et d’âme, franchement, on s’attendait au pire. Mais à la place, on a un film intelligent, juste et audacieux. Et qu’est-ce que vous voulez… Une grosse production annoncée comme le lancement d’une franchise qui ose prendre le temps, et qui ne livre sa première (et unique) séquence d’action qu’au bout d’une bonne heure de film, ça mérite le respect.
On sait où on va, donc (le film fait directement référence à La Planète des Singes version 1968 à travers deux courtes séquences évoquant la première mission habitée vers Mars), mais la manière d’y arriver est édifiante. Le singe par qui tout commence, c’est César, chimpanzé né en captivité d’une cobaye de grand laboratoire, et recueilli par le scientifique qui testait sur sa mère un médicament censé guérir d’Alzheimer. Et il marche, d’ailleurs, boostant le cerveau de ceux à qui il est inoculé, à commencer par les singes. Ce point de départ crée une relation passionnante parce que forcément biaisée entre le singe et son « papa » humain, joué par James Franco.
Biaisée, parce que même si les sentiments sont sincères, si James aime profondément ce singe qu’il a élevé comme son fils, il n’empêche qu’il le promène avec un collier autour du cou, et à l’occasion une laisse. Et ça, oui, ça crée une relation de domination qui finit par poser problème, et qui réserve quelques beaux moments très émouvants.
Le sujet est casse-gueule quand même, ne serait-ce que parce que c’est César qui est au cœur de l’histoire, et pas son « père ». Et donner le rôle principal à un animal, si intelligent soit-il, ça peut vite tourner au grand guignol. Mais le scénario est malin, la mise en scène est fine et efficace, et César est interprété (en motion capture) par Andy Serkis, acteur incontournable de la technique, capable de donner une âme à Gollum comme au Capitaine Haddock.
Les effets spéciaux enterrent littéralement ceux du film originel de 1968. Mais pour une fois ils n’étouffent pas tout. Omniprésents, ils sont toujours au service de l’histoire, ce qui peut paraître une banalité, mais qui ressemble de plus en plus à une exception. D’ailleurs, les références du film sont plutôt à chercher vers le cinéma classique que vers les grosses machines récentes : les scènes de captivité des singes sont tournées comme les grands films de prison, et la référence ultime reste Spartacus bien sûr.
Ce premier film donne en tout cas furieusement envie de voir la suite, dont on sait qu’elle ne sera pas lumineuse : le glaçant générique final, avec ses lignes lumineuses qui éclatent sur la carte du monde, annonce la propagation du virus. Pas sûr qu’on retrouve les humains comme on les avait laissés…
* Voir aussi La Planète des Singes : l’affrontement et La Planète des Singes : supprématie.
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