Knock – de Guy Lefranc – 1951
Louis Jouvet est en roue libre dans ce rôle qu’il a joué un nombre incalculable de fois (1500, d’après wikipédia), et qui l’accompagne depuis près de trente ans : la pièce de Jules Romain avait été son premier gros succès personnel en 1923, et l’acteur avait fait ses débuts derrière la caméra avec une première adaptation en 1933. Autant dire qu’il connaît bien le personnage. Autant dire aussi qu’il n’avait peut-être plus grand-chose à lui apporter.
Surtout avec un réalisateur comme Guy Lefranc, qui n’a jamais rien fait d’aussi prestigieux que ce Knock. De fait, le petit plaisir que l’on prend tout de même repose à peu près uniquement sur les comédiens. Jouvet dans une quasi-caricature de lui-même, reste un acteur d’exception. Et face à lui, on trouve quelques seconds rôles dont le plaisir est communicatif. Pierre Renoir en pharmacien à la déontologie très ajustable, Pierre Bertin en instituteur dépassé, Jean Carmet en demi-idiot quasi-muet, et même Louis De Funès dans un tout petit rôle pas même crédité, qui se réjouit d’avoir perdu 100 grammes grâce au docteur miraculeux.
Mais le film se résume quand même, pour sa plus grande partie, à une succession de scènes plus ou moins attendues. Alors on attend avec une certaine impatience le célébrissime « ça vous chatouille ou ça vous gratouille? », qui arrive relativement tôt dans le film. Du coup, on n’attend plus grand-chose de la suite. D’autant moins que les meilleurs moments se situent au tout début : l’arrivée dans la petite ville du nouveau docteur (Knock-Jouvet) à qui son prédécesseur Parpalaid (Jean Brochard) tente de « survendre » le potentiel pour un médecin sérieux et ambitieux.
Tournée en décors naturels, cette première séquence est étonnante et séduisante, parce que cette campagne déserte qui entoure les personnages permet d’éviter l’impression de théâtre filmé, qui reviendra trop souvent par la suite. Bref, on se rattrape à ce qu’on peut, on ne s’ennuie pas (vraiment), et on salue la fidélité de Jouvet, qui fait quasiment ses adieux (il ne tournera plus qu’un seul film, tombé dans l’oubli) avec ce rôle qui l’a quasiment vu naître. La boucle est bouclée.