La Vallée de la peur (Pursued) – de Raoul Walsh – 1947
Un vrai mystère dans un western, sombre et profond, qui ne s’éclaire que dans les toutes dernières minutes… Ce n’est pas si courant, et c’est ce qui rend ce Walsh si atypique, et si fascinant. Dès la première scène, on est littéralement happé par le destin tragique d’un Robert Mitchum tout jeune, qui affiche une triste résignation face à son sort : on le découvre réfugié dans une ruine au milieu du désert, attendant presque sereinement les hommes qui vont venir pour le tuer.
Comment est-il arrivé là ? Qui sont ces hommes décidés à en finir avec lui ? Lui-même n’a pas toutes les réponses, et ce mystère le hante littéralement, comme il hante tout ce beau film. Le passé de Bob, il se le remémore lui-même au gré de ses souvenirs, avec la belle Teresa Wright venue le retrouver. Construit sur de longs flash-backs, le film joue la carte de l’originalité, et frappe fort.
Cette originalité permet d’ailleurs d’avaler l’intrigue elle-même, banale et peu crédible histoire de vengeance, simple prétexte que Walsh semble prendre moyennement au sérieux. Un Walsh particulièrement tourné vers la psychologie de ses personnages : de Bob Mitchum qui s’interroge sur la nature du mal et sur sa propre nature, à Judith Anderson, toujours excellente, dans un rôle auquel elle apporte ce trouble qu’elle trimbale de film en film.