Nevada Smith (id.) – de Henry Hathaway – 1966
Curieux western que ce Nevada Smith porté par un Steve McQueen assez formidable… mais au moins deux fois trop vieux pour le rôle. Cette question de l’âge pose surtout problème dans les premières scènes, et il en a visiblement conscience, le pauvre Steve : pour tenter d’être crédible dans la peau d’un tout jeune homme inexpérimenté en tout, qui décide de retrouver seul les hommes qui ont tué ses parents, il minaude et prend des airs censés être enfantins. Le résultat est… étonnant.
C’est qu’il a 36 ans, quand même, et derrière lui déjà une solide collection de personnages virils et bien adultes. Avec un tel bagage, on a un peu de mal à voir en lui le puceau qui ne connaît rien de la vie. Heureusement, le film est une vraie fresque, dont l’action se déroule sur de longues années. Le temps pour le jeunot de s’aguerrir, de prendre de la consistance, et d’aller enfin comme un gant à l’acteur, qui révèle une belle intensité avec ce personnage tellement obsédé par la vengeance qu’il en vient à causer lui-même des drames.
Le film n’est pas seulement étonnant par le personnage que joue McQueen. Il l’est aussi par son ton, et par sa construction audacieuse, faite de longs épisodes quasiment indépendants les uns des autres. A chaque étape de son voyage, l’atmosphère change, le décor aussi, et les seconds rôles qui font l’entourage de Max Sand, qui deviendra le Nevada Smith du titre. Ce sont ces rencontres qui font aussi la richesse du film, chacune d’entre elles influant d’une manière ou d’une autre sur la personnalité du héros.
Plutôt inhabituel, aussi, de voir autant de bons samaritains croiser la route d’un personnage en quête de vengeance : à chaque étape, une âme charitable qui va avoir son importance dans la construction de cet homme. Et toutes ces rencontres permettent de croiser des tas d’acteurs formidables et de seconds couteaux qu’on aime : Karl Malden, Martin Landau et Arthur Kennedy dans les rôles des trois tueurs, mais aussi Brian Keith, Ted De Corsia, Pat Hingle ou Howard Da Silva.
Il y a la beauté des paysages aussi, et surtout, magnifiée par un superbe Cinemascope qui souligne constamment la place de Max dans cette nature qui peut être belle et hostile. Tourné dans des décors naturels, le film n’a pas à proprement parler un discours écologique, mais la manière dont Hathaway filme ces paysages est à elle seule une ode à une vie près de la nature.
Le film est une sorte de prequel du roman The Carpetbaggers de Harold Robbins, dont l’adaptation a été réalisée par Edward Dmytryk deux ans plus tôt (sous le titre français Les Ambitieux), avec Alan Ladd dans le rôle d’un Nevada Smith « adulte ». Le film commence avec la mort de Jonas Cord (joué par Leif Erickson), personnage qu’interprète Brian Keith dans Nevada Smith, sorte de père spirituel du héros.
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