La Nuit des assassins / L’Assassin est-il coupable ? (Warning Shot) – de Buzz Kulik – 1967
Un homme de télévision qui aime le cinéma policier : voilà comment on pourrait définir Buzz Kulik, cinéaste qui a fait ses armes dans de nombreuses séries TV (notamment La 4e Dimension), et qui réussit ici un très bon thriller comme un trait d’union entre ses différentes références, du film noir (pour l’atmosphère sombre et son personnage hard boiled) aux thrillers contemporains des sixties (pour le rythme et la musique de Jerry Goldsmith).
Entre toutes ses infiltrations, Kulik ne choisit pas. Pas plus que pour sa distribution d’ailleurs, qui donne la vedette à David Janssen (le héros de la série Le Fugitif) et à deux jeunes actrices destinées à un grand avenir sur petit écran (Joan Collins et Stephanie Powers), tout en leur faisant donner la réplique à de vieilles badernes du grand écran qui, pour la plupart, se contentent de brèves apparitions : George Sanders, Ed Begley, Walter Pidgeon, et même une survivante du muet, Lilian Gish.
Le scénario est malin : un flic tue un homme qu’il soupçonne d’être un assassin, parce qu’il l’a vu braquer une arme vers lui. Sauf que le mort est un médecin apprécié de tous, et qu’aucune arme n’est retrouvée… Le bon flic n’a que quelques jours pour prouver que l’innocent qu’il a descendu ne l’est pas tant que ça (innocent). C’est un bon point de départ, qui tient ses promesses. Plutôt que d’en faire un surhomme seul contre tous, le film fait de son héros un homme effectivement seul, mais qui accumule les erreurs, parfois avec de graves conséquences.
Visuellement, c’est parfois un peu maladroit, et ça rappelle par moments que le film a été tourné pour la télévision, avant d’avoir droit à une sortie en salles.. Dans la première séquence, le brouillard de studio ressemble furieusement… à du brouillard de studio. Et la tentative de flirter avec la mode psychédélique du moment lors de la scène de baston est pour le moins balourde. Mais le film est la plupart du temps d’une grande efficacité, brut et brutal. A l’image de Janssen : un peu falot peut-être, mais dur et direct.