Jack Reacher : Never go back (id.) – d’Edward Zwick – 2016
Avec son style volontairement rétro, rencontre improbable du polar à la Bullitt et du film d’action à la Mission : Impossible, le premier Jack Reacher avait donné envie d’en voir un peu plus. Voilà qui est fait, avec cette suite qui a failli ne jamais voir le jour après le demi-succès du précédent. On prend donc le même et on recommence, avec Tom qui reprend son désormais habituel rôle de justicier très doué pour terrasser les méchants avec ses mains, avec un couteau, un flingue, ou tout ce qui lui tombe sous la main.
Un type dont on sait tellement qu’il peut à lui seul étendre quatre bad guys qu’on n’a même presque plus besoin de le montrer en pleine action. C’est ainsi que Edward Zwyck (qui retrouve Cruise après Le Dernier Samouraï) filme Cruise/Reacher pour la première fois : tranquillement assis à un comptoir tandis que ses « victimes » gisent par terre, dehors. Déjà mythique, et c’est bien comme ça que Reacher est écrit : comme une sorte de mythe dont tous les militaires semblent se raconter les exploits le soir au coin du feu.
Je l’ai souvent écrit sur ce blog : j’aime Tom Cruise, sa carrière, sa stature d’ultime grande star hollywoodienne, son envie si éclatante de faire de bons films, sans tenir compte des effets de mode. Mais comme tous ses fans, j’aimerais tellement le voir renouer avec des rôles plus consistants, où il aurait autre chose à jouer qu’un simple mouvement de sourcil pour annoncer qu’il va péter trois paires de jambes. Qu’il nous surprenne, quoi, comme il le faisait lorsqu’il tournait Né un 4 juillet, Magnolia, Eyes Wide Shut, ou La Guerre des Mondes…
Cela dit, on prend un vrai plaisir devant ce polar bourré d’action. Pas pour l’aspect polar d’ailleurs, avec une intrigue à peu près aussi mince qu’un scénario de L’Agence tout risque. Mais pour les nombreuses et très réjouissantes scènes d’action, et tout particulièrement la dernière d’entre elle, formidable course-poursuite dans le vieux quartier français de La Nouvelle Orléans, en plein carnaval. Un véritable morceau d’anthologie assez superbement filmé, inventif et au rythme impeccable.
Mais là où le film est le plus réussi, là où il surprend un peu quand même, c’est lorsqu’il joue avec les failles de Jack Reacher. Le gars est un pur héros, plus intelligent, plus intuitif et plus balèze que qui que ce soit. Mais humainement, c’est une vraie tâche, incapable de faire confiance ou de partager quoi que ce soit. Sauf que cette fois, il doit s’improviser père de famille, et compagnon d’une femme à peu près aussi teigneuse que lui. Et voir le Tom se comporter comme un con avec cette ado qui pourrait bien être sa fille, et comme un macho à l’ancienne avec cette femme qu’il pourrait aimer, a quelque chose de franchement réjouissant. C’est quand il s’amuse de sa propre image que Cruise est le plus passionnant, pas quand il se prend au sérieux.