Bullitt (id.) – de Peter Yates – 1968
Mine de rien, il donne un sacré coup de fouet au genre, ce polar pre-seventies aux antipodes d’à peu près tout ce qu’on a vu jusque là. Avec Police sur la ville, sorti la même année, Bullitt pose les bases de tout ce que sera le film policier dans la décennie à venir, et même au-delà. En gros, un réalisme accru, et de l’action à l’état pure. Pas comme on l’entend aujourd’hui, avec montage stroboscopique et explosions qui s’enchaînent (même si explosion il y a bel et bien), mais Yates, qui ne fera peut-être bien jamais rien d’aussi bien, signe un film où tout est mouvement, et où la parole est rare.
Le choix de Steve McQueen dans le rôle principal n’est pas anodin. Mutique et obstiné, il a la cool attitude teintée d’une profonde gravité. Un mélange de feu, pour un personnage qui, lui aussi, tranche assez radicalement avec les flics habituels d’Hollywood (y compris ceux de cette fin des sixties). Sa dégaine très sportwear, sa nonchalance et son flegme pourraient ressembler à des poses pseudo-cool. Mais non, McQueen est absolument formidable dans ce rôle de flic intègre jusqu’au jusqu’au-boutisme.
Ses affrontements quasi-muets avec le politicard Robert Vaughn (un autre des 7 Mercenaires) sont de grands moments de cinéma, autant grâce à la qualité du scénario et des dialogues, que pour l’alchimie détonante qui se dégage de ces deux-là. Qu’importe si le film ne choisit pas la mesure (Vaughn est vraiment un authentique sale type, et McQueen est un héros réellement pur), le plaisir est intense.
Finalement, il n’y a qu’un aspect vraiment gênant : la célébrissime séquence de course-poursuite dans les rues de San Francisco, tellement attendue que l’attente pèse un peu sur la première partie du film. Mais quand elle arrive, même après l’avoir vue et revue, quel choc ! Pas aussi inventive et brute que celle de French Connection, certes, mais ce modèle de poursuites en voitures garde une puissance visuelle et émotionnelle rarement égalée. Souvent copiée en tout cas : on ne compte plus les films qui, jusqu’à aujourd’hui, citent ou pillent cette séquence culte.
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