Condamné à être pendu (Law of the Lawless) – de William F. Claxton – 1964
On peut dire ce qu’on veut de ce petit western Paramount : mal fagoté, un peu naïf, filmé platement, plein de défauts, joué par des vedettes vieillissantes… Mais malgré tous ses défauts, il ne manque pas de charme. En grande partie grâce à ses acteurs d’ailleurs : même si leurs personnages ne sont pas exceptionnellement écrits, voire improbables, c’est toujours un plaisir de retrouver Bruce Cabot et William Bendix, le premier en tueur tiraillé par une envie de vie paisible, le second en shérif écœuré par l’injustice.
Surtout, il y a Yvonne De Carlo. Et ça, je dois avouer que ça suffit toujours à mon bonheur. Dix ans après La Belle Espionne, la quarantaine bien sonnée, les traits légèrement empâtés, elle rayonne toujours d’une beauté troublante, mélange d’érotisme et d’émotion à fleur de peau, de force et de fragilité. Elle n’a pas toujours été servie par les rôles les plus riches du western, et celui-ci n’est pas exempt de défauts. Mais son personnage évoque plutôt habilement le destin de ces femmes qu’un duel aux pistolets a fait veuves, habituelle silhouette d’arrière-plan qui se retrouve ici au cœur de l’intrigue.
Ce qui vaut d’ailleurs l’une des belles scènes du film : un simple dialogue autour d’une table de restaurant entre Yvonne De Carlo et Dale Robertson, ancien pistolero devenu juge, qui doit présider le procès d’un ami accusé de meurtre. Robertson aussi est impeccable. Vedette de seconde zone, il n’a jamais été un acteur particulièrement profond. Mais il a un charisme certain, et fait preuve d’une économie de moyen dans son jeu qui fait de son personnage une sorte d’ange qui annonce l’arrivée de la justice dans cet Ouest encore sauvage.
Cinéaste guère réputé, Claxton filme la plupart des scènes sans génie, et parfois même franchement maladroitement. Il réussit pourtant quelques scènes mémorables, notamment une fusillade suivie d’un affrontement à mains nus dont la violence, même si hors champs pour la majeure partie, est d’une brutalité rare dans le western américain de l’époque, sans doute déjà influencée par le western spaghetti qui explose cette même année (le générique du début évoque d’ailleurs clairement celui de Pour une poignée de dollars).
Et puis le film se termine par une séquence très attendue : celle de l’incontournable duel, annoncé dès les premières scènes. Mais l’affrontement, intense et parfaitement tendu, prend une dimension totalement inattendue, qui permet à ce western de se refermer en laissant une belle impression.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.