La Femme aux miracles (The Miracle Woman) – de Frank Capra – 1931
Après Femmes de luxe, Capra offre un nouveau rôle à Barbara Stanwyck : celui d’une fille de pasteur qui devient la prédicatrice star d’un temple très populaire… et très lucratif. Un rôle qui lui vaut une entrée en matière extraordinaire : elle apparaît au lutrin de l’église, où elle lit le prêche du jour avant d’annoncer le décès de son père, mort de ne pas avoir supporté l’ingratitude de ses ouailles qui lui ont préféré un homme d’église plus jeune.
La manière dont Stanwyck passe de la posture de femme d’église à celle de victime en colère, dénonçant l’hypocrisie et la médiocrité de ces fidèles amassés face à elle, est d’une puissance inouïe, et d’une audace que l’application du code Hayes aurait rendu inimaginable trois ans plus tard, dans cette Amérique très pieuse. Mais dans cet Hollywood béni de l’ère pré-code, le politiquement incorrect est presque de rigueur. Et Capra ne se prive pas d’en profiter…
Presque aussi abouti que la première collaboration du cinéaste avec son actrice (il y a peut-être une ou deux petites longueurs, si on veut être tatillon), le film séduit par sa simplicité et par son authenticité. Et Capra réussit aussi bien ses grandes scènes de foule que les nombreux moments intimes. Et puis l’histoire d’amour entre la belle pécheresse et ce jeune aveugle à qui elle a sauvé la vie sans le savoir (David Manners, qui est cette même année le Jonathan Harker de Dracula) ne tombe jamais dans le larmoyant.
Au contraire, cette jolie romance nous vaut quelques moments magnifiques, comme ce premier baiser d’une pureté telle qu’il laisse le souffle coupé, instants absolument sublimes. Et l’idée de cet homme qui ne peut pas voir et qui ouvre les yeux de cette femme perdue dans une vie qui ne lui ressemble pas est très belle, et traitée avec une honnêteté et sans facilité par Capra.
Le film est, comme ça, émaillé de moments merveilleux, et de seconds rôles inoubliables. Comme la brave Mrs Higgins (Beryl Mercer), dont la bonté parfaite envers son aveugle de locataire ose se parer d’une attirance à peine voilée. « Ah ! si j’avais 30 ans de moins… » glisse-t-elle l’air de rien. Réjouissant.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.