Premier contact (Arrival) – de Denis Villeneuve – 2016
Villeneuve réussit un pari audacieux : baser entièrement un film de science-fiction racontant une « rencontre du troisième type » avec de mystérieux extra-terrestres, sur la difficulté de communiquer entre les peuples. Avec, en lieu et place des scènes d’action attendues, de longues séquences décortiquant la manière dont la linguiste (Amy Adams) et le scientifique (Jeremy Renner) tentent de se faire comprendre et s’interrogent sur tous les pièges potentiels de l’anglais et de la langue parlée. Imbitable ? Passionnant au contraire, et c’est bien le tour de force du cinéaste : la linguistique ne m’a pourtant jamais enthousiasmé durant mes études…
Il y a bien quelques rares moments de pur suspense, comme pour permettre aux producteurs d’offrir une bande annonce un peu mouvementée aux spectateurs potentiels : la scène hallucinante de la bombe, en particulier, avec cette fusillade hors champs. Mais Villeneuve ne triche pas, et va bien au bout de son sujet.
Le film laisse entrevoir la possibilité d’un dialogue entre les peuples. De là à y voir une œuvre profondément optimiste, il y a un gouffre : il est surtout question de la difficulté de se comprendre, et de la quasi-incapacité de l’homme à sortir de son mode de raisonnement habituel. En résumé ; pour se comprendre et apprendre à vivre ensemble, il faut accepter de remettre en question tout ce que l’on croit acquis, et chercher à adopter le point de vue de « l’autre ». Pas simple.
Une ouverture à l’autre que le personnage joué par Amy Adams (très émouvante) pousse à l’extrême, avec une histoire personnelle bouleversante dont je ne dirai rien ici, si ce n’est que la fin du film illustre parfaitement cette nécessité d’accepter la nécessité de remettre en question tout ce que l’on croit acquis. Un choc.