La Belle Espionne (Sea Devils) – de Raoul Walsh – 1953
De l’aventure, de la romance, du suspense… Bref, un pur plaisir de cinéma que nous offre Walsh, une vraie gourmandise qui pousse jusqu’à sa forme la plus épurée le film de genre. Le cinéaste ne s’embarrasse ni du contexte historique (la France napoléonienne en guerre), ni de complexité psychologique, ni même de vraisemblance : tout le mouvement du film est entièrement tourné vers le plaisir pur.
Et il y en a du mouvement, avec ces allers-retours incessants entre l’île de Guernesey et les côtes françaises, et avec ces personnages qui s’avancent avec aplomb et sans hésitation face au danger. C’est totalement invraisemblable? L’histoire d’amour entre la « belle espionne » Yvonne De Carlo et le rude contrebandier Rock Hudson est hautement improbable? Qu’importe: on y croit avec délectation, et on applaudit devant ce spectacle jubilatoire.
Du roman de Victor Hugo Les Travailleurs de la Mer, le scénariste Borden Chase n’a gardé que quelques bribes. Normal: l’intrigue elle-même n’est qu’un prétexte. Walsh est moins intéressé par son histoire que par la manière de la mettre en mouvement et en images, dans un Technicolor qui a rarement été à ce point flamboyant. Il faut dire que la décidément très belle Yvonne De Carlo multiplie les tenues différentes, et que ces dernières ont une constante : elles tranchent de fort belle manière avec ce crépuscule que Walsh filme si bien.
La Belle Espionne est d’une simplicité absolue. Cette histoire d’espionnage et de contre-espionnage autour de la figure de Napoléon (interprété par Gérard Oury !) aurait pu être complexe. Le film la résume à une série d’enjeux simplissimes : Rock Hudson doit conduire Yvonne De Carlo en France ; Rock Hudson veut ramener Yvonne De Carlo à Guernesey ; Yvonne De Carlo veut retourner en France…
Le cinéma est l’art du mouvement ? La Belle Espionne est la quintessence du cinéma d’aventure, dépouillé de toute fioriture et de tout ce qui n’est pas l’essentiel. Simple, jubilatoire, magnifique.
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