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La Huitième Femme de Barbe Bleue (Bluebeard’s Eighth Wife) – d’Ernst Lubitsch – 1938

Classé dans : 1930-1939,COOPER Gary,LUBITSCH Ernst — 22 avril, 2017 @ 8:00

La Huitième Femme de Barbe Bleue

D’accord, Bluebeard’s Eight Wife n’a pas l’élégance inouïe de L’Eventail de Lady Windermere ou de The Shop around the corner. D’accord, tout n’est pas d’une immense finesse dans ce vaudeville conjugal. Mais franchement, vous n’avez pas ri en voyant Claudette Colbert se gaver d’oignons pour gâcher le baiser que lui réclame son mari Gary Cooper ?

Ce n’est certes pas un Lubitsch majeur, mais le film est drôle et enlevé, et se révèle une évocation pleine d’ironie mordante de l’engagement amoureux. « Vous croyez VRAIMENT au mariage ! » lance la jeune femme lorsqu’elle découvre que son richissime prétendant a déjà été marié 7 fois, avec autant de divorces à la clé (« 6 seulement, l’une d’elles est morte », corrige-t-il, avant de préciser : « de mort naturelle »).

Et même mineur, un Lubitsch est la promesse d’une expérience délicieuse, légère et mordante à la fois. Ici, sur un scénario de Billy Wilder et Charles Brackett, il prend le problème du mariage à l’envers : d’abord le mariage lui-même, puis la difficile séduction, l’incompréhension… Le poids des mariages passés, mais aussi de la fortune, conduit les amoureux à opter pour un engagement financier qui tue dans l’œuf la passion des sentiments. Et voilà les jeunes mariés étrangers sous le même toit, se croisant dans un couloir comme des passants dans la rue.

La situation ne manque pas d’ironie, et on sent bien Lubitsch et ses scénaristes dubitatifs face à l’institution du mariage. Lorsque le couple décide un rapprochement d’un soir, le dialogue est sans équivoque :

« Ni flirt, ni dispute !
- Comme un couple normal.
- J’ai dit pas de dispute. »

Claudette Colbert est étonnante de naturelle, Gary Cooper joue merveilleusement bien l’être un peu supérieur touché dans son orgueil, Edward Everett Horton (dans le rôle du père) ouvre admirablement les portes (une grande qualité chez Lubitsch), David Niven est très bien aussi en jeune premier légèrement dépassé par les événements… Et le rythme est parfait. Un Lubitsch mineur, oui, mais un vrai plaisir tout de même.

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