The Revenant (id.) – d’Alejandro González Iñárritu – 2015
Je sais pas, je lui aurais plutôt refilé une paire de baffe qu’un Oscar, moi, à Leonardo. Effectivement, il atteint des sommets avec The Revenant, mais surtout dans l’art de dire “regardez comme je suis intense, je fais tellement la gueule que cette fois vous allez me le remettre ce putain d’Oscar !!!” Non ? Ben si, il l’a eu. Alors oui, j’en rajoute un peu, et il tient bien sa place le Di Caprio. Depuis Titanic, on peut dire qu’il a pris de l’épaisseur. Tellement, même, qu’il en finit par ressembler un ours…
D’ailleurs, c’est l’une des idées très discutables d’ Iñárritu pour ce film : affubler la star d’une peau d’ours qui semble deux fois plus lourde que lui, histoire d’illustrer le fait qu’après avoir été attaqué par un ours et laissé pour mort, c’est quasiment sous la forme d’un animal sauvage qu’il revient à la vie. Des gros sabots ? Oui, il en a aussi, qui laissent des traces bien visibles dans ces paysages magnifiques, ceux-là même de la véritable histoire.
Oui, parce que The Revenant est à la base une histoire authentique : celle d’un trappeur laissé pour mort par ses camarades qui survivra et traversera seul et à pied les immenses étendues hostiles du Grand Nord américain. Richard Sarafian en avait tiré un film magnifique sur la filiation et la renaissance (le méconnu Le Convoi sauvage), qui prenait de grandes libertés avec la vérité historique. Iñárritu en tire une énorme production très longue, très violente, et très réaliste, qu’il a donc tenu à filmer dans les vrais décors.
Et ce choix apporte… ben de bien beaux paysages, dont le cinéaste tire, c’est vrai, le meilleur, avec ces plans larges absolument saisissants. Pour le reste… Contrairement à ce qu’on a pu dire ici ou là, The Revenant sacrifie toute ambition au simple profit de la performance : celle pour le réalisateur de tourner dans des conditions extrêmes, et celle pour l’acteur de se montrer plus intense que jamais.
Mais dans les thématiques évoquées, dans l’émotion même qui se dégage du film, rien, ou si peu. Sarafian avait réalisé une belle réflexion sur la transmission, avec une vision poétique et toujours surprenante. Iñárritu ne garde que le bruit et la fureur, et transforme cette odyssée édifiante en un énième survival doublé d’une simple histoire de vengeance. Rendez-vous manqué…
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