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Le Soleil brille pour tout le monde (The Sun shines bright) – de John Ford – 1953

Classé dans : 1950-1959,FORD John — 9 avril, 2017 @ 8:00

Le Soleil brille pour tout le monde

Dix-neuf ans après, Ford signe le remake de son beau Judge Priest. Drôle de choix, alors qu’il sort du triomphe de son Homme tranquille, de renouer avec un ton qui renvoie clairement à son cinéma des années 30, et en particulier au triptyque qu’il a tourné avec Will Rogers, son Priest originel : une plongée dans un Sud certes encore marqué par la guerre civile, mais aussi baigné dans une séduisante langueur.

En apparence, c’est le même film que refait Ford : avec le même décor de cette petite ville qui semble si tranquille, le même contexte de campagne électorale pour le bon juge, l’opposition entre les méthodes humaines et peu orthodoxes de ce dernier et le cynisme politique de son concurrent, la même toile de fond d’un couple improbable qui se forme, même choix du noir et blanc… jusqu’aux partitions de Stepin Fetchit et sa voix de crécelle, et de Francis Ford et son inséparable cruchon.

Pourtant, quelque chose a radicalement changé entre ces deux films. Dix-neuf ans séparent les deux tournages, mais surtout, quinze ans séparent l’action des deux longs métrages, celui-ci se déroulant au tout début du 20 siècle. Cela peut sembler peu de chose, mais l’effet est radical. La guerre, bien plus présente ici, renvoie les personnages non seulement à une époque fondatrice de leur existence, mais aussi à leur jeunesse perdue.

Ford évoque ainsi, avec humour et émotion, le destin des vétérans de guerre, qui font vivre le souvenir en dépit du temps qui passe. Quinze ans plus tôt, les vétérans étaient des héros auxquels on ne touchait pas. Désormais, ils sont considérés comme « des éclopés », qui imposent une vision dépassée de la société. Et pour Ford, la douce mélancolie des années 30 a laissé la place à une nostalgie cruelle, qui trouve son illustration la plus déchirante dans la toute dernière image, qui annonce celle, tout aussi cruelle, de La Prisonnière du désert.

Il y a par moments un côté un peu brouillon dans ce film, dû en grande partie au désintérêt dont Ford semble faire preuve pour le couple qui se forme. Dans le rôle du futur fiancé, John Russell (qui sera le sinistre marshall de Pale Rider) est d’ailleurs d’une fadeur rare dans son cinéma. Mais Charles Winninger est particulièrement émouvant dans le rôle de Priest, donnant au personnage une toute autre tonalité que dans le film de 1934.

Et puis il y a une séquence absolument magnifique : celle de l’enterrement de cette femme dont personne ne voulait plus, qui est pourtant revenue mourir dans sa ville natale. Un cortège funéraire traverse alors la ville, d’abord menée par un Judge Priest totalement seul, sous les rires narquois des bien pensants. Cortège qui s’agrandit peu à peu pour, bientôt, rassembler une grande partie de la ville, soudain ramenée à une humanité simplement décente. Ford, cinéaste humaniste…

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