L’Homme du Kentucky (The Kentuckian) – de Burt Lancaster – 1955
Pour son premier film derrière la caméra, Burt Lancaster signe un western étonnant : une ode à la nature, étrangement économe en action, mais à la tension parfaitement maîtrisée. Un western sans chevaux aussi, avec ce personnage de père célibataire (qu’il interprète lui-même), qui traverse le pays sauvage à pied avec son fils et son chien, minuscule communauté en mouvement qui semble avoir trouvé un idéal dans cette vie de pionnier au contact avec la nature.
Comme souvent dans le western, le film parle de la fin d’un monde, ou plutôt de la fin d’un mode de vie. Mais le thème est particulièrement bien traité ici. L’arrivée du père et de son fils dans la « civilisation » remet en cause l’harmonie de leur relation. Elle implique l’irruption d’une femme, ou plutôt de deux femmes : la belle institutrice, symbole d’une vie sociale et de concessions visiblement tentante pour le père ; et la petite sauvageonne, plus conforme aux aspirations du fils.
A travers le choix entre ces deux femmes, toutes deux belles, aimantes et sincères, c’est de la nécessité de se plier aux règles de la société qu’il est question. Et dans sa manière d’aborder le sujet, Lancaster fait preuve d’une honnêteté absolue, ne tombant jamais dans le manichéisme, la nostalgie facile, ou la dénonciation aveugle de l’excès de règles. Son film est d’ailleurs, finalement, totalement bienveillant.
Il y a des salauds, bien sûr, à commencer par Walter Matthau, dont c’est le tout premier film, et qui se révèle d’emblée excellent en salopard intégral. Mais il y a surtout des sentiments purs, une simplicité et une sincérité qui se ressentent jusque dans la manière dont Lancaster filme les beaux décors naturels, dans la première partie. Une réussite qui fait regretter que l’acteur n’ait pas persévéré derrière la caméra : il ne récidivera que quasiment vingt ans plus tard avec Le Flic se rebiffe.
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