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Black Coal (Bai ri yan huo) – de Diao Yi’nan – 2014

Classé dans : * Polars asiatiques,2010-2019,DIAO Yi'nan — 9 mars, 2017 @ 8:00

Black Coal

Un flic dépressif devenu ex-flic alcoolique à la suite d’un bain de sang. Une série de meurtres commis sur plusieurs années. Un mystérieux assassin au patin à glace. Une douce jeune femme au lourd secret… C’est un pur film noir que signe Diao Yi’nan. Et comme dans la grande tradition hollywoodienne du genre, le film noir est à la fois le moyen d’offrir une plongée labyrinthique dans les affres des personnages, et de faire ressentir le poids social d’une époque…

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette époque-là (la Chine d’il y a une dizaine d’années) ne fait pas rêver. Ni les spectateurs, ni les personnages, qui semblent se débattre sans trop y croire dans une vie sans issue heureuse. « Tu crois qu’on peut gagner dans cette vie ? » lance même l’un des flics avec le petit sourire de celui qui a compris.

Le décor lui-même est totalement sinistre : une région grise où le charbon est omniprésent, industrie qui semble faire vivre tant bien que mal, et d’une manière ou d’une autre, la moitié de la population. Un univers où les hommes gesticulent pour se donner l’illusion d’avoir un but (« Je veux faire quelque chose » explique Zhang, l’ex flic obsédé par des meurtres qui le ramènent à une ancienne enquête), et où les femmes ne font plus même mine de croire en quoi que ce soit.

Diao Yi’nan signe un film au rythme lancinant, inconfortable et fascinant. Un film dont les seules couleurs semblent venir des lumières artificielles de la ville, et où la glace semble constamment tout recouvrir. Un film aussi qui privilégie les moments en creux, le cinéaste suivant ses personnages de près, les filmant longuement dans leurs silences, en s’autorisant de grandes et audacieuses ellipses.

Mais il sait aussi, dès les premières scènes, instaurer un climat d’angoisse. Un sentiment d’oppression et de menace qu’il pousse à son paroxysme à chaque explosion de violences, où l’horreur et l’absurde se disputent la vedette. Jusqu’à un final étrange, poétique et magnifique, un « feu d’artifice en plein jour » (c’est d’ailleurs le titre en version originale) qui, sur le fil, semble annoncer la possibilité de sentiments partagés. Une infime lueur d’espoir dans cette atmosphère plombée.

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