Terre de violence (Good day for a hanging) – de Nathan Juran – 1959
Il a mauvaise réputation, Nathan Juran. Sans crier au génie, je dois pourtant dire que les quelques films signés par lui que j’ai vu m’ont tous séduit. Et celui-ci tout particulièrement, formidable variation sur des thèmes habituels du western: le shérif faisant face à une population de plus en plus hostile, le condamné qui attend d’être pendu…
Vive à défaut d’être inventive, la mise en scène de Juran est constamment admirablement tendue. Mais c’est surtout le scénario qui offre quelques belles surprises, à commencer par le dilemme du personnage principal, shérif droit dans ses bottes qui se trouve être le seul témoin capable d’envoyer le braqueur qu’il a capturé sur la potence (c’est Robert Vaughn, dans l’un de ses premiers rôles)… et le père d’une jeune femme qui aime cet accusé depuis l’enfance.
D’accord, la fin du film facilite grandement la résolution de ce dilemme moral, n’empêche qu’il est assez inhabituel, et que Fred McMurray est parfait dans le rôle de ce grand type raide comme la justice, mais pas si insensible qu’il ne le laisse croire. Le film est d’ailleurs une jolie réflexion sur le sens du devoir, la violence, le libre-arbitre, et même la peine de mort.
Car dans Good day for a hanging, les morts comptent, et la violence laisse des traces. Ce n’est pas si courant dans le genre, mais dix ans avant Pendez-les haut et court, le film de Nathan Juran pose déjà la question de la peine de mort, avec cette scène magnifique montrant le procureur se saoulant et luttant pour rester digne malgré la culpabilité qui le ronge après qu’il a obtenu la peine de mort contre l’accusé.
* DVD dans la collection Westerns de Légende de Sidonis/Calysta, avec des présentations par Patrick Brion et Bertrand Tavernier (qui semble étrangement se défendre d’avoir aimé le film et de reconnaître des qualités à Nathan Juran), et une évocation de la carrière de Fred McMurray par le même Tavernier.