Le Kimono pourpre (The Crimson Kimono) – de Samuel Fuller – 1959
Fasciné par le Japon, Samuel Fuller y avait tourné le formidable La Maison de Bambou. Avec ce Crimson Kimono, il creuse le même sillon, mais sur le sol américain, dans le Little Tokyo de Los Angeles. Une sorte de renversement de situation donc, mais où le cinéaste continue à confronter les deux cultures.
Avec plus d’ambiguïté encore, peut-être : du flic Américain de souche, ou de son partenaire et ami d’origine japonaise, lequel est le plus étranger dans ce quartier qui semble coupé du monde extérieur, comme un no man’s land fascinant. Ni vraiment le Japon, et plus non plus tout à fait Los Angeles.
Il y a un meurtre (qui ouvre le film par une séquence extraordinaire, d’une belle intensité, et qui pose d’emblée les bases visuelles, au noir et blanc quasi documentaire), une quête à hauts risques, et un rythme qui ne retombe jamais. Mais on sent bien que ce n’est pas le polar qui motive Fuller, mais l’ambiguïté des personnages et de leurs relations.
Plus le film avance, plus le polar laisse la place aux relations de plus en plus troubles entre les personnages, avec ce triangle amoureux qui permet de mettre à l’épreuve l’amitié de deux hommes, et qui fait la part belle à une réflexion ambitieuse et complexe sur le racisme et la loyauté.
En marge de ce triangle amoureux qui ne ressemble à aucun autre, il y a aussi le personnage, secondaire mais extraordinaire, joué par Anna Lee. En artiste vieillissante et alcoolique, l’actrice est magnifique, loin de l’image trop lisse qu’elle a parfois eue.
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