Sept hommes à abattre (Seven Men from now) – de Budd Boetticher – 1956
La première apparition de Randolph Scott dans un western de Budd Boetticher (six autres collaborations suivront) donne le ton : il fait nuit et la pluie tombe à torrents. Deux hommes se sont abrités sous un rocher. Soudain, une silhouette apparaît de dos, comme si elle sortait de la caméra… C’est Scott, mutique et minéral, apparition mystérieuse dont on ne se demande pas longtemps ce qu’elle recherche…
Il ne s’agit pas de se réchauffer au coin du feu ici, mais d’une histoire de vengeance, brute et rude, que Boetticher filme avec une sécheresse et un sens de l’épure formidable. Tout ce qui fera la richesse et la particularité de cette incroyable œuvre commune est déjà là.
On a beaucoup dit que les westerns d’Anthony Mann utilisaient merveilleusement les décors. C’est le cas aussi de Boetticher, tout particulièrement dans les scènes d’action. Scott ne se cache pas simplement derrière les rochers qui se dressent dans ce paysage désertique : il s’y glisse, il y rampe, et pénètre les moindres aspérités de la roche, comme s’il ne faisait plus qu’un avec cet environnement.
Le film est court, extrêmement tendu, et entièrement tourné vers la vengeance, comme l’est le personnage de Scott, ancien shérif à la recherche des assassins de sa femme. Du coup, la romance qui s’ébauche avec le très beau personnage de Gail Russell ne fait qu’évoquer ce qui aurait pu être dans d’autres circonstances. Et cela donne un moment magnifique, lorsque Scott, au dernier moment, détourne son visage et renonce à un baiser qui aurait tout changé, et enfourche son cheval pour repartir sans un regard derrière lui.
La relation qu’il noue avec Lee Marvin serait, en comparaison, presque plus charnelle. Entre ces deux là, il y a un mélange de haine et d’affection assez troublant. Tout ça est filmé avec une sobriété exemplaire. Ce Seven Men from now est absolument formidable…
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