L’Avenir – de Mia Hansen-Love – 2016
Isabelle Huppert est, une fois de plus, formidable dans le rôle d’une prof de philo à la vie bien remplie, qui voit tous les éléments qui font la richesse de cette existence disparaître l’un après l’autre : ses enfants sont partis, son mari la quitte, son job annexe d’éditrice lui est retiré par de jeunes loups… même son ancien élève préféré quitte Paris pour aller s’installer au fin fond du Vercors, dans une maison collective perdue dans la montagne mais habitée par des jeunes qui ne parlent que de philo et des grands auteurs.
Etonnant ? Ben non. Mia Hansen-Love est une réalisatrice certes douée, plutôt très douée même lorsqu’il s’agit d’installer une atmosphère. La jeune femme a grandi dans une famille d’intellectuels, ce qui n’est pas un mal. Mais ce qui est plus gênant, c’est qu’à trop faire comme si cette intellectualisation de chaque instant était la norme, elle aurait un peu tendance à exclure une partie des spectateurs.
Le destin de cette femme est touchant, et assez passionnant. Mais il y a constamment une petite distance qui s’installe et qui empêche d’être vraiment bouleversé. Malgré Isabelle Huppert, malgré l’intensité de son jeu, cette ironie qu’elle propose, et ce trouble qu’elle dégage. Cette « liberté » retrouvée, dont son personnage parle sans cesse, a un arrière-goût fortement amer. Et la solitude qui l’accompagne, cette sensation d’être en dehors du monde, évoque cruellement le destin de la mère, pathétique et tragique, jouée par Edith Scob.
Il y a dans ce cinéma de Mia Hansen-Love quelque chose de fascinant et de troublant , que la présence d’Isabelle Huppert transcende souvent ici. Il y a aussi, hélas, cette impression tenace et agaçante de déjà-vu, comme si le cinéma français n’arrivait pas à sortir de ces personnages, de ce milieu intellectuel…
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