Les Sept Mercenaires (The Magnificent Seven) – de John Sturges – 1960
Un peu fâché avec la mode dévorante des remakes, je profite de la sortie en salles des Sept Mercenaires d’Antoine Fuqua pour revoir l’original de Sturges. Et oui, je sais, ce choix est très discutable, puisque cet « original » était déjà un remake, celui d’un chef d’œuvre du film de sabre signé Kurosawa. Mais reconnaissez que cette première version westernienne a, quand même, une classe folle.
John Sturges est au sommet de son art quand il filme ce petit classique westernien, totalement jouissif. On pourrait essayer de lui retirer tout mérite, et estimer que la réussite du film tient essentiellement à son casting impeccable. Jugez plutôt : Steve McQueen, Yul Brynner, James Coburn, Charles Bronson ou Robert Vaughn côté mercenaires… Eli Wallach côté grand méchant.
Et tout ce petit monde qui cabotine joyeusement, imposant à chacun des personnages une personnalité propre inoubliable. Dès la scène du corbillard, première rencontre des deux héros McQueen et Brynner, c’est à un véritable concours de cabotinage que se livrent les deux acteurs, mais un concours réjouissant, sans jamais écraser l’autre. Et à ce petit jeu, c’est Steve McQueen qui s’impose.
Coburn aussi est formidable, incroyable en lanceur de couteau quasi-muet, à la dégaine impossible. Quant à Robert Vaughn, plus en retrait, il incarne un personnage pour le moins inattendu, fine gâchette écrasée par la peur. Bronson, lui, est un dur au cœur tendre particulièrement touchant. Et Horst Buchholz, héritier désigné de Toshiro Mifune, il parvient à s’imposer en face d’aînés quand même très impressionnants.
Mais ne retenir que les acteurs serait injuste pour le réalisateur. Car Sturges sait donner une belle atmosphère à son film. Et il se révèle aussi à l’aise dans l’extraordinaire affrontement final, que dans la première demi-heure quasiment dénuée de toute action, où il ose instaurer un faux rythme pour mieux présenter ses personnages.
De la même manière, il y a du fond dans ce film d’action réjouissant. Une manière de filmer la violence pour mieux la dénoncer. Une manière aussi de mettre en valeur la vacuité d’une vie consacrée à la violence : face à l’arrogance de la jeunesse, Sturges met en scène des hommes murs confrontés à leur propre mal-être, sans rêve et sans avenir. Et c’est beau.
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