Au nom de la loi – de Maurice Tourneur – 1931
Revenu en France depuis l’avènement du parlant, Tourneur père s’est plutôt bien acclimaté aux méthodes de son pays natal. Comme Justin de Marseille, autre grande réussite de cette époque, Au nom de la loi, adaptation d’un roman policier, est un film dont l’audace et la splendeur visuelle rappellent les grandes heures de son œuvre muette.
Tourneur y filme des images sidérantes des bas-fonds de Paris et de lieux « interlopes » comme on disait alors, où la pègre se livre à ses basses besognes. Des lieux plein de dangers où on sent que la violence peut surgir de n’importe où. Une vision réaliste, mais pleine de belles idées de cinéma : ces chaussures qui bougent derrière un rideau, font froid dans le dos avant de révéler qu’elles sont en fait mues par… des chatons.
Il y a là une vision étonnante aussi des relations entre policiers et truands, d’une dureté qui frappe les esprits (les scènes de fusillades et d’empoignades sont d’une brutalité étonnante pour l’époque). Mais après un interrogatoire musclé et tendu, le flic Charles Vanel offre au suspect qu’il a durement cuisiné un verre de vin… Il y a une sorte de respect entre les uns et les autres, tous fréquentant les mêmes lieux, connaissant les mêmes personnes, et naviguant dans les mêmes eaux.
On ne trouvera d’ailleurs pas grand monde pour accuser ce jeune policier qui flirte avec la principale suspecte, quitte à oublier son devoir… Passionnant « polar », Au nom de la loi est aussi une formidable galerie de portraits souvent troubles. Un chef d’œuvre à redécouvrir.
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