Du sang sur la neige (Northern Pursuit) – de Raoul Walsh – 1943
Walsh est en pleine Flynn-mania lorsqu’il tourne ce thriller neigeux, nerveux et bourré d’action : de La Charge fantastique à Aventure en Birmanie, ce sont six films qu’ils tournent quasiment coup sur coup en à peine quatre ans (et sans compter La Rivière d’argent, qu’ils tourneront quelques années plus tard).
Celui-ci n’est pas le plus connu. Il n’est pas non plus le moins intéressant. Dès les premières images, on sent qu’il y a ici quelque chose de très familier, et en même temps de très atypique. L’histoire en rappelle d’autres (celle de Griffes jaunes par exemple), avec ce policier convaincu de sympathie pour l’ennemi, qui prend la fuite avec un officier nazi en passant aux yeux de tous pour un traître. Sauf que, bien sûr, il n’en est pas un…
Rien de très original de ce côté là, donc. Mais le décor, lui, change radicalement la donne : on n’est ni dans un western, ni dans un suspense urbain, ni même dans un film d’aventure traditionnel. Non, c’est dans la neige du grand Nord canadien que Walsh pose ses caméras. Enfin, plutôt dans un grand Nord reconstitué en studio : à l’exception de quelques séquences de ski qui n’ont rien à envier aux futurs James Bond, tout semble avoir été tourné bien au chaud en studios.
Ce qui, d’ailleurs, ne pose pas vraiment problème. Que ce soit pour la scène de l’avalanche ou celle du sous-marin brisant la glace, le film fait plutôt bien illusion. Et même si on a un peu de mal à voir un homme qui vient de marcher des jours dans la neige, derrière l’élégance très dandy de Flynn, cet environnement immense et plein de dangers donne un ton très original au film.
Il y a bien quelques rebondissements hautement improbables, comme l’irruption soudaine de la fiancée de notre héros, arrivée on ne sait trop comment dans la gueule du loup. Mais Walsh oscille efficacement entre l’humour (avec le personnage du beau-père écossais), la menace (beau personnage de traître interprété par l’excellent Gene Lockhart), la violence la plus sèche avec quelques exécutions sommaires qui font froid dans le dos, et même de l’action pure assez impressionnante, comme cette étonnante séquence finale dans l’avion.
Du sang sur la piste s’inscrit dans la grande tradition hollywoodienne du film de propagande anti-nazi. Sans grande délicatesse sans doute, mais avec un vrai sens du spectacle et une efficacité imparable.
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