Le Roi et quatre reines (The King and four queens) – de Raoul Walsh – 1956
Walsh n’est décidément pas un cinéaste comique. Loin d’être déshonorant, ce western tardif avec Clark Gable contient de biens beaux moments, mais l’humour qui tourne autour de cet homme enfermé dans une propriété habitée par quatre belles veuves tombe le plus souvent un peu à plat.
C’est d’ailleurs une idée assez géniale qui est au cœur de ce film : placer un aventurier séducteur dans une demeure isolée au cœur du désert où vivent les veuves de quatre bandits et leur belle-mère, qui attend désespérément le retour de l’un de ses fils, et où un « trésor de guerre » est censé être caché.
Avec cette histoire pleine de promesses, Walsh souffle le chaud et le froid, en changeant constamment de ton. Tantôt léger, en filmant un Clark Gable minaudant au milieu de son harem. Tantôt grave et bouleversant lorsqu’il s’intéresse au personnage de la mère, rongée par l’incertitude relative au sort de ses fils, et à sa culpabilité de ne pas avoir su en faire des hommes honnêtes.
C’est, et de loin, le plus beau personnage du film, le seul à rester constamment en dehors de la comédie. Jo Van Fleet, actrice oscarisée pour A l’Est d’Eden, lui apporte une belle et sombre gravité, sa présence pesant constamment sur l’atmosphère du film.
Le personnage de Gable, lui, est nettement plus léger, comme hermétique même à toute gravité. La première partie, pourtant, laisse imaginer un destin tragique. Faisant même penser que le Clint Eastwood des Proies, le beau film cruel de Siegel, s’en inspirerait directement. C’est peut-être le cas d’ailleurs, mais dans une version nettement plus pessimiste.
Le Roi et quatre reines aurait pu être un grand film cruel, mais se contente d’être un fort sympathique divertissement. Tourné entre l’excellent Les Implacables et le magnifique L’Esclave libre, il est en tout cas le plus anecdotique des trois films que Clark Gable et Raoul Walsh ont enchaînés ensemble.
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