Contes cruels de la jeunesse (Seishun zankoku monogatari) – de Nagisa Oshima – 1960
L’un des premiers films d’Oshima, qui devient d’emblée le porte-voix de la Nouvelle Vague japonaise, directement inspirée de celle qui bousculait alors le cinéma français.
Cette Nouvelle vague accompagne elle aussi un changement de mœurs dans la société japonaise, toujours marquée par la rigueur de ses vieilles règles.
Pas d’optimisme pour autant : cette jeunesse qu’il met en scène n’est pas celle qui a voulu dynamiter le système, mais la génération suivante, celle des petites sœurs dont les aînés trimbalent le mal-être de leurs illusions perdues.
Cette génération-ci, représentée par la jeune Makoto et son amant Kyoshi, a le semblant de liberté dont rêvaient leurs aînés, mais n’a plus de rêve ni d’ambition. Une génération perdue ? La cruauté du ton le laisse penser.
Pas de romantisme ici. Le jeune homme rencontre sa belle en la sauvant des griffes d’un homme plus âgé qui cherchait à abuser d’elle ? Il obtient aussitôt ses faveurs après s’être comporté avec la même violence que le « satyre », lui rendant en double la gifle qu’elle lui a donnée. Ce qui différencie l’un et l’autre, ce ne sont pas les valeurs ou le comportement, mais uniquement la jeunesse et la beauté…
Il y a bien quelques moments d’espoirs et de tendresses. « Il faut bien que je sois gentil de temps en temps, pour ne pas que tu partes avec un homme plus âgé », lance Kyoshi. Mais cet amour impossible est surtout marqué par la violence physique et morale.
L’issue est écrite d’avance…
* Le film fait partie des 10 DVD accompagnant l’encyclopédie des réalisateurs japonais édité par Carlotta.