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Archive pour septembre, 2016

Nimitz, retour vers l’enfer (The Final Countdown) – de Don Taylor – 1980

Posté : 10 septembre, 2016 @ 8:00 dans 1980-1989, DOUGLAS Kirk, FANTASTIQUE/SF, TAYLOR Don | Pas de commentaires »

Nimitz, retour vers l'enfer

Sans même évoquer l’âge d’or de Spartacus, rappelons juste que Kirk Douglas a commencé sa carrière avec des seconds rôles dans L’Emprise du Crime et La Griffe du Passé. Une entrée en matière bien fourbe pour souligner que, décidément, sa fin de carrière est nettement moins glorieuse que ses premiers pas. Contrairement à son éternel complice Burt Lancaster qui, lui, aura réussi à avoir une filmographie passionnante de bout en bout, Douglas enchaîne alors les films poussifs, à de rares exceptions près.

Celui-ci s’inscrivait dans une vogue de films inspirés par la SF (de War Games à Firefox) qui, tous ou presque, ont particulièrement mal vieilli. Mais ce qui gêne le plus dans ce Nimitz, ce n’est pas cet aspect un peu ringard des effets spéciaux (qui au final sont très rares), mais le scénario lui-même, basé sur ce qui se révèle une fausse bonne idée qui fait flop.

Plein de promesses pourtant, ce sujet : un porte-avion de 1980 se retrouve propulsé par accident en 1941, à la veille de l’attaque des Japonnais sur Pearl Harbor, attaque qu’il pourrait empêcher à lui seul grâce à son exceptionnelle puissance de feu. Sans doute ce sujet aurait-il fait un bon épisode à La Quatrième dimension (dont il évoque d’ailleurs l’épisode pilote). Mais le cas de conscience que cette situation procure débouche sur pas grand-chose. Jamais le scénario ne tire profit de cette belle idée de départ.

Alors pour occuper le temps (il faut quand même tenir plus d’une heure trente), le pas très talentueux Don Taylor multiplie les interminables plans d’avion filmés tellement platement que le Tony Scott de Top Gun passe en comparaison pour l’égal d’un John Ford ! Et que dire des dialogues ? Les scénaristes (ils s’y sont mis à quatre) ne savent tellement pas quoi faire d’un sujet qui soulève pourtant bien des questions, qu’ils ne font parler les personnages que de la météo. Finalement moins surpris par le fait d’avoir été propulsé quarante ans en arrière que par des nuages qui se forment sur leurs têtes…

Du coup, les acteurs n’ont pas grand chose à jouer. Kirk Douglas passe le film à boire du café affalé sur son siège de commandement, et Martin Sheen joue les témoins de luxe sans jamais interférer vraiment sur les événements. On est bien content de les voir, mais c’est bien peu.

* DVD chez Sidonis/Calysta, avec un documentaire sur Pearl Harbor.

La Dénonciation / Seule contre tous (The Whistleblower) – de Larysa Kondracki – 2011

Posté : 9 septembre, 2016 @ 8:00 dans 2010-2019, KONDRACKI Larysa | Pas de commentaires »

La Dénonciation

Policière dans une petite ville du Nebraska, une jeune femme accepte une mission inattendue qui peut lui rapporter l’argent nécessaire pour se rapprocher de sa fille, dont son ex-mari à la garde : participer à une opération des Casques Bleus en Bosnie, après la guerre. Elle y découvre un pays ravagé par le conflit, et une criminalité omniprésente dont les femmes sont les premières victimes. Elle découvre surtout un trafic sexuel particulièrement cruel auquel personne ne semble vouloir s’attaquer…

Ce sujet fort est basé sur une histoire vraie : celle de Kathryn Bolkovac, qui tira un livre de son expérience édifiante. On est d’accord, la mention « d’après une histoire vraie » est loin de garantir la réussite d’un film. Mais la Canadienne Larysa Kondracki s’en tire plutôt avec les honneurs, en faisant le bon choix : faire du cœur de son film l’obsession et le sentiment d’impuissance de plus en plus terrible de son personnage principal.

L’autre bon choix, c’est celui de l’actrice. Rachel Weisz est une grande et belle actrice, lorsqu’elle trouve un rôle à sa mesure. Celui-ci en est un, qui rappelle que la belle fut l’une des plus troublantes incarnations de la décennie précédente dans The Constant Gardener. Ce rôle-ci n’est pas tout à fait aussi fort, toutefois. Et l’importance de sa vie privée, totalement inutile pour le récit, apparaît comme une facilité un peu agaçante pour souligner l’humanité du personnage.

Le début du film, entièrement basé sur cette vie privée compliquée, est d’ailleurs ce qu’il y a de moins intéressant. Cette première partie, qui traîne en longueur et tire un peu trop facilement sur la corde lacrymale, paraît même un peu bâclée et poussive.

La suite est nettement plus convaincante. Et si on oublie les afféteries de mise en scène, et cette approche pseudo-réaliste à la Paul Greengrass (caméra à l’épaule, et surtout pas de plan fixe), le film a une vraie force dérangeante. Mieux. Le choix de filmer cette histoire comme un thriller se révèle d’une efficacité redoutable.

Le Miracle des Loups – de Raymond Bernard – 1924

Posté : 8 septembre, 2016 @ 8:00 dans 1920-1929, BERNARD Raymond, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

Le Miracle des Loups

Le titre intriguant vient d’une scène hallucinante : une jeune femme poursuivie par des tueurs à travers de vastes étendues enneigées est sauvée miraculeusement par une meute de loups qui dévorent ses agresseurs tout en l’épargnant. Filmée par Raymond Bernard, cette scène est d’une beauté et d’une force sidérantes, l’un des sommets de ce film historique à grand budget bourré de séquences d’anthologie.

Soyons honnête : tout n’est pas de ce niveau dans Le Miracle des Loups. Tout le début du film paraît ainsi un peu sage, et même empesé. On craint le pire alors, s’attendant à ce que Bernard signe une fresque trop lisse et sans folie autour de la lutte sanguinaire entre Louis XI et son rival, Charles le Téméraire. Mais la fresque historique prend une autre tournure lors d’une séquence clé, au cours de laquelle le poids de l’Histoire (avec un grand H) et les destins de deux personnages s’entremêlent…

Ces personnages, ce sont la future Jeanne Hachette, proche de Louis XI, et Robert Cottereau, soldat du Téméraire. Une sorte de variation sur l’éternel thème de Roméo et Juliette, histoire d’amour contrariée par la violence de l’époque, dont le destin les conduira au sommet de l’horreur, dans une tour en flamme lors du siège de Beauvais, extraordinaire morceau de bravoure qui semble avoir inspiré des générations de cinéastes, jusqu’à Peter Jackson pour ses guerres en Terre du Milieu

Mais ça, c’est pour la fin du film. Non, là où le ton change radicalement, où Raymond Bernard insuffle enfin cette folie qui fait de son film un chef d’œuvre, c’est dans cette séquence où le fragile équilibre du royaume bascule. C’est le départ précipité des Nobles de Paris, fâchés par les décisions du roi. Visuellement, c’est magnifique, alternance de plans larges de la nuit parisienne, et de gros plans des sabots qui battent le pavé humide. En parallèle, Bernard filme la séparation déchirante de Jeanne et de son amant, bousculés par ce tournant inattendu de l’Histoire…

La tension ne retombera pas beaucoup, par la suite. Que ce soit dans les alcôves inquiétantes du pouvoir, ou sur les champs de bataille, le film souligne constamment la violence de l’époque. Une violence pas toujours suggérée, comme le prouve cette incroyable bataille filmée au plus près du sol et des soldats, où Bernard ne nous épargne rien de l’horreur des combats. Membres coupées, épées enfoncées jusqu’à la garde, visages défoncés… On est en 1924, et on n’a pas fait beaucoup plus impressionnant dans le domaine, depuis.

Représailles en Arizona (Arizona Raiders) – de William Witney – 1965

Posté : 7 septembre, 2016 @ 8:00 dans 1960-1969, MURPHY Audie, WESTERNS, WITNEY William | Pas de commentaires »

Représailles en Arizona

Le film commence par un incroyable prologue, interminable monologue face caméra d’un journaliste qui raconte la vie et les exactions de Quantrill (Quantrell, dans le film). Une séquence apparemment ajoutée au film après sa sortie, peut-être pour sa diffusion à la télévision. Assez hallucinante… et totalement inutile, une voix off résumant en quelques secondes la même chose, lorsque le film commence vraiment. Une curiosité, en tout cas, dont l’originalité donne d’emblée un ton différent au film.

C’est en effet un western assez atypique. Si les personnages sont relativement convenus, la construction du film l’est beaucoup moins, avec ces premières scènes qui racontent la chute de Quantrill, et qui ressemblent dans leur aspect spectaculaire et dans leur rythme, au final attendu. Mais ce n’est que le début.

Audie Murphy (qui retrouve Quantrill quinze ans après Kansas Raiders) est excellent, particulièrement intense dans le rôle d’un ancien héros de guerre, ancien hors-la-loi, qui hésite sur le chemin à suivre.

Excellent aussi, Buster Crabbe, dans le rôle secondaire du capitaine Andrews. Sans doute le rôle de la maturité le plus marquant, pour l’ancien interprète de Flash Gordon. Très charismatique.

Aux commandes, William Witney, qui fut l’un des grands spécialistes du serial, et dont la mise en scène est assez formidable, à la fois pour le rythme qu’il donne au film, et pour l’utilisation des décors, en particulier dans ce village indien dont les murs, les croix, et le moindre relief donnent une profondeur aux images.

Matrix (The Matrix) – de Andy et Larry Wachowski – 1999

Posté : 6 septembre, 2016 @ 8:00 dans 1990-1999, FANTASTIQUE/SF, WACHOWSKI Andy/Lilly, WACHOWSKI Larry/Lana | Pas de commentaires »

Matrix

A la sortie en salles, déjà, j’avais trouvé très surévalué ce film de SF pseudo-philosophique et faussement novateur. Dix-huit ans plus tard, mon avis a changé : Matrix est en fait un pur nanar ! Ce pourrait ne pas être si grave : après tout, les scènes d’action sont assez réjouissantes et assurent à elles seules l’intérêt. Mais il y a un hic : le premier degré insupportable d’un film qui se prend tellement au sérieux qu’il en devient antipathique.

Il manque sans doute aux (encore) frères Wachowski un brin d’humilité. Et Matrix n’aurait sans doute pas dû être autre chose qu’une série B, au moins dans l’esprit. Mais non, les réalisateurs semblent persuadés d’avoir tout inventé, tant sur le fond (et si le monde dans lequel on vit n’était qu’un leurre ?) que dans la forme (et si on révolutionnait les scènes d’action ?). Sauf que, bien sûr, ils n’inventent strictement rien. Au mieux, ils inaugurent une nouvelle manière de recycler des idées et des formes venues d’horizons différents, rien de plus…

Quelques années auparavant, John Carpenter avait déjà mis en scène une fausse réalité avec un Invasion Los Angeles qui, lui, jouait habilement avec le second degré et revendiquait son côté série B. Le scénario de Matrix n’est pas plus malin qu’un autre. Plus tarabiscoté et plus dénué de second degré, sans doute, mais pas plus intelligent pour autant. Keanu Reeves, raide et aussi expressif qu’une pierre, est la parfaite illustration de ces choix artistiques.

Heureusement, les scènes d’action sont nombreuses et assez enthousiasmantes. Certes, les Wachowski se contentent d’adapter à la sauce hollywoodienne une esthétique que les cinéastes hong-kongais, Tsui Hark avec sa saga Il était une fois en Chine en tête, maîtrisent depuis des années (pas un hasard si la chorégraphie des combats est signée Yuen Woo-ping). Mais ces ralentis extrêmes et ces pirouettes impossibles que beaucoup découvraient à l’époque sont depuis devenus une quasi-norme. Au moins dans Matrix étaient-ils justifiés par le scénario…

L’Arnaqueur (The Hustler) – de Robert Rossen – 1962

Posté : 5 septembre, 2016 @ 8:00 dans 1960-1969, NEWMAN Paul, ROSSEN Robert | Pas de commentaires »

L'Arnaqueur

Paul Newman disait en 1987, lorsqu’il reprenait le rôle d’Eddie Felson dans La Couleur de l’Argent, que c’est dans le beau film de Martin Scorsese qu’il se trouvait pour la première fois bon acteur. Un signe flagrant d’autoflagellation très injustifié. Parce que même si c’est avec sa suite tardive, vingt-cinq ans plus tard, que Newman décrochera l’Oscar, il est absolument magnifique dans le film de Robert Rossen, superbe portrait d’un pur looser.

Et il fallait un interprète habité pour ce rôle, variation sur fond de billard de Sang et Or, le sublime « film de boxe » que Robert Rossen avait réalisé avec John Garfield, autre looser magnifique du cinéma américain. Comme pour la boxe, Rossen filme d’une manière incroyablement dynamique les innombrables parties de billard qui émaillent le film. Non comme de simples interludes, mais comme autant de marches (vers le haut ou vers le bas ?) dramatiquement franchies par Felson/Newman.

L’atmosphère est purement fascinante, grâce aussi à une photo sublime et à une interprétation de première classe : Piper Laurie en alcoolique paumée, à des années lumière de ses fantaisies des années 50, et Jackie Gleason dans le rôle du rival dont la superbe tranche cruellement avec l’attitude autodestructrice de Newman. Le regard désolé qu’il porte à ce dernier, qui se laisse entraîner par son obsession, est un grand moment de cinéma.

Mission Impossible : Rogue Nation (id.) – de Christopher McQuarrie – 2015

Posté : 4 septembre, 2016 @ 8:00 dans * Espionnage, 2010-2019, ACTION US (1980-…), CRUISE Tom, McQUARRIE Christopher | Pas de commentaires »

Mission Impossible Rogue Nation

Cette cinquième mission impossible est l’exemple parfait pour souligner la suprématie et la limite du Tom Cruise d’aujourd’hui. Les lecteurs de ce blog le savent : j’aime la star, sa filmographie hallucinante et son statut unique dans le Hollywood de ces vingt dernières années. La dernière des grandes stars, c’est lui. Et même si sa stature s’est quelque peu émoussée ces dernières années, il reste la pierre angulaire de tous ses films, ou presque.

Cruise n’est pas, et n’a jamais été, un simple faiseur de succès. Il aime le cinéma, affiche une belle (et rare) ambition, et cherche constamment à se lancer des défis. C’est encore le cas actuellement, même s’il s’agit désormais le plus souvent de défis physiques et pyrotechniques. Une mégastar dont le pouvoir est tel qu’on le laisse s’accrocher à la plus haute tour du monde (dans l’épisode précédent), ou ici à un avion qui prend son envol. Pour de vrai. Et dire que, dans les années 70, les Français étaient fiers de leur Bebel qui s’accrochait à un hélicoptère…

Bref… Ce MI5 porte en lui toutes les contradictions de la star. Il s’agit bien d’un film d’action époustouflant, l’un des meilleurs si ce n’est le meilleur de ces dernières années. Un pur moment de plaisir cinématographique, inventif, haletant et visuellement assez formidable. En un sens, on peut dire sans rougir que Tom Cruise continue un exceptionnel sans-faute avec cette série qui booste depuis vingt ans le cinéma d’action américain.

Mais cette fois, il manque tout de même un petit quelque chose qui faisait l’originalité de ces films : l’effet de surprise. Elle semble bien finie l’époque où chacun des films était confié à un cinéaste différent qui amenait sa (forte) personnalité. Après l’élégance de De Palma, John Woo avait signé un vrai film personnel avec son romantisme exacerbé, avant que JJ Abrams fasse des débuts remarqués, transposant sur grand écran l’efficacité imparable de ses séries TV.

Seulement voilà, JJ est resté producteur, et son influence est, depuis manifeste : l’homme de télé a mine de rien transformé la franchise de Tom Cruise en série de luxe, dont chaque épisode répond aux mêmes ambiances, aux mêmes mécaniques, et reprend le même groupe de comédiens. L’épisode 4 était tout de même formidable, et celui-ci aussi. Mais n’empêche : il y a cette petite frustration de ne plus être surpris et bousculé que par l’inventivité des séquences d’action.

Au moins la recette est-elle, et de plus en plus, assumée. C’est même ce qui est assez formidable dans ce nouvel opus, où Tom Cruise et Christopher McQuarrie, scénariste et réalisateur, assument leur ambition d’enchaîner les morceaux de bravoure, d’une manière totalement décomplexée, sans toujours trouver de liens logiques entre eux. Les personnages passent ainsi d’un pays à l’autre sans même faire semblant de trouver une raison, la fameuse scène de Tom accroché à l’avion ne sert à rien, et tout ça n’a effectivement aucune importance !

La recette fonctionne toujours parfaitement et, franchement, on ne fait pas mieux dans le genre aujourd’hui. D’ailleurs, ce n’est pas pour la prochaine mission que le renouvellement devrait arriver : le sixième opus devrait être une nouvelle fois écrit et réalisé par Christopher McQuarrie. Ce serait la première fois qu’un réalisateur rempilerait pour une mission de plus.

Duel (id.) – de Steven Spielberg – 1971

Posté : 3 septembre, 2016 @ 8:00 dans 1970-1979, FANTASTIQUE/SF, SPIELBERG Steven, TÉLÉVISION | Pas de commentaires »

Duel

Quand Spielberg a découvert le scénario des Dents de la Mer (Jaws), il y a vu un signe du destin : un titre en quatre lettres et une menace déshumanisée dans un environnement quotidien. Exactement comme le film qui l’a révélé. Un téléfilm en fait, tourné pour la télévision mais tellement enthousiasmant que la Universal a décidé de le sortir en salles, lançant la carrière du cinéaste le plus emblématique de sa génération.

Il faut dire qu’il y a déjà là, et plus qu’en germes, le génie narratif et la puissance visuelle de Spielberg, qui transcende le script malin mais simplissime de Richard Matheson pour en faire une oeuvre terrifiante et édifiante. Ou quand un contexte quotidien (un parcours en voiture) se transforme en cauchemar éveillé.

L’histoire, donc, tient en quelques mots : un automobiliste se retrouve aux prises avec un mystérieux camion qui le traquent et menacent de le tuer. Il y a dans ce principe (que l’on doit donc à Matheson, pas à Spielberg) une approche très hitchcockienne, héritière des Oiseaux. Ce n’est sans doute pas un hasard si quelques notes de musique rappellent subrepticement le thème de la douche de Psychose

Le film est proche de l’abstraction, tant le personnage et l’action sont ramenés à ce qu’ils ont de plus simples. Sans doute, d’ailleurs, Spielberg aurait-il gagné à éviter les rares digressions comme le coup de téléphone passé à la femme du « héros », scène inutile qui ne semble là que pour rallonger le métrage, et qui coupe un peu l’atmosphère oppressante du film.

Car le vrai héros du film, ce n’est pas le personnage (interprété par un très bon Dennis Weaver, seul à l’écran la plupart du temps), mais ce camion mystérieux et menaçant. De face, il a presque allure humaine, ce camion dont jamais on ne verra le conducteur (là aussi, une idée de Matheson).

Mais, et c’est là que le génie de Spielberg est déjà éclatant, la manière dont il est filmé souligne constamment sa puissance et son potentiel meurtrier. Jusqu’à l’hallucinante fin, qui ne libère en rien, mais renforce le caractère angoissant de cette machine qui semble douée d’une vie propre.

Avec Duel, Spielberg gagnait son droit d’entrée pour le grand écran. C’est rien de dire qu’il a tenu ses promesses…

Cheval de guerre (War Horse) – de Steven Spielberg – 2011

Posté : 2 septembre, 2016 @ 4:40 dans 2010-2019, SPIELBERG Steven | Pas de commentaires »

Cheval de guerre

Il n’y avait que Spielberg pour réussir un tel film : une fresque sur fond de première guerre mondiale, racontée à travers le destin d’un cheval. Et pour éviter d’en faire une bluette sirupeuse, ou une petite chose réservée à un public très jeune. Non, Avec Cheval de Guerre, Spielberg confirme que, même s’il a largement contribué à créer le Hollywood actuel des blockbusters, il reste le principal héritier des grands cinéastes classiques comme John Ford ou William Wellman.

Et il ne triche pas, Spielberg. De la petite ferme irlandaise où il est dressé par un adolescent plein de fougue, à ses exploits dantesques dans les tranchées de la Somme, c’est bien le parcours du cheval qu’il suit : ses premiers pas de cheval de trait, son départ pour le front, sa participation à une charge meurtrière, sa récupération par les Allemands, sa rencontre avec une jeune fille et son grand-père, ses « travaux forcés », son évasion sublime, et son échouage dans le no man’s land où, le temps d’un soir, il sera l’objet d’une trêve aussi belle qu’éphémère entre les deux camps…

C’est le Spielberg des années 80 que l’on retrouve en quelque sorte ici : un Spielberg qui cherche l’innocence dans les pires situations. Dans cette époque terrifiante, le cheval aura une constante : il dévoilera le meilleur de tous ceux qu’il côtoiera, jeunes ou vieux, Français, Irlandais, Américains ou Allemands, soldats ou civils. Sans naïveté, mais avec une sensibilité extrême, et surtout un sens esthétique rare.

Car si le film est aussi beau, c’est avant tout parce qu’il est parsemé d’images d’une beauté sidérante : le labour du champ pierreux sous la pluie, la course folle à travers les tranchées, la réconciliation dans le no man’s land à la tombée de la nuit, les retrouvailles sous la neige, ou le retour au pays dans un clair obscur que n’aurait pas renié John Ford. Du grand cinéma classique.

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