Caravane vers le soleil (Thunder in the sun) – de Russell Rouse – 1959
Des Basques héros de western ? Voilà une curiosité pour le moins intrigante. Et même si Russel Rouse s’est déjà montré autrement plus inspiré (dans le genre, on peut noter l’excellent La première balle tue), il se tire plutôt bien d’un scénario (dont il est responsable) qui est loin d’éviter les clichés, et de dialogues assez terribles la plupart du temps. « Ce n’est plus nous qui transportons la vigne, c’est la vigne qui nous transporte », lance ainsi l’un des personnages.
Oui, parce que comme les personnages principaux sont des Français, il est beaucoup question de vin dans ce western à la trame par ailleurs plutôt classique (une caravane en route vers l’Ouest). De vin, et des traditions du vieux continent, telles que vues par la glorieuse Hollywood. Les femmes sont donc promises à leur futur mari dès leur plus jeune âge, et les hommes portent des bérets et arborent fièrement les frusques des troupes napoléoniennes. On s’étonne presque de ne pas les voir une baguette sous le bras. Heureusement, ils n’oublient pas de troquer le six-coups contre l’attirail de la pelote basque.
Malgré tout, et malgré un manque de moyens flagrant qui pousse Rouse à abuser des toiles peintes (approximativement) et des stock-shots pour tous ses plans larges, l’originalité de la communauté est joliment mise en valeur, notamment dans ses rapports avec Jeff Chandler, incarnation du pur cow-boy. Et même si le français de Susan Hayward laisse à désirer (tous les accents du monde semblent d’ailleurs cohabiter dans cette communauté basquo-hollywoodienne), la tête d’affiche donne une vraie intensité à un personnage sans grande surprise.
Fort sympathique, le film souffle tout de même le chaud et le froid. Le chaud lors d’une saisissante scène d’incendie, où Susan Hayward chevauche avec Chandler, la robe en feu. Le froid lors de la mort assez ridicule du mari trop gênant pour la romance entre les deux stars. Les deux à la fois lors de l’affrontement (attendu) avec les Indiens, où le parti-pris passionnant (ce sont les colons qui attaquent leurs assaillants) est ruiné par les visions répétitives de Basques transformés en cabris sautant d’arbres en arbres et de rochers en rochers. Du second degré, sans doute…
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