Mission Impossible : Rogue Nation (id.) – de Christopher McQuarrie – 2015
Cette cinquième mission impossible est l’exemple parfait pour souligner la suprématie et la limite du Tom Cruise d’aujourd’hui. Les lecteurs de ce blog le savent : j’aime la star, sa filmographie hallucinante et son statut unique dans le Hollywood de ces vingt dernières années. La dernière des grandes stars, c’est lui. Et même si sa stature s’est quelque peu émoussée ces dernières années, il reste la pierre angulaire de tous ses films, ou presque.
Cruise n’est pas, et n’a jamais été, un simple faiseur de succès. Il aime le cinéma, affiche une belle (et rare) ambition, et cherche constamment à se lancer des défis. C’est encore le cas actuellement, même s’il s’agit désormais le plus souvent de défis physiques et pyrotechniques. Une mégastar dont le pouvoir est tel qu’on le laisse s’accrocher à la plus haute tour du monde (dans l’épisode précédent), ou ici à un avion qui prend son envol. Pour de vrai. Et dire que, dans les années 70, les Français étaient fiers de leur Bebel qui s’accrochait à un hélicoptère…
Bref… Ce MI5 porte en lui toutes les contradictions de la star. Il s’agit bien d’un film d’action époustouflant, l’un des meilleurs si ce n’est le meilleur de ces dernières années. Un pur moment de plaisir cinématographique, inventif, haletant et visuellement assez formidable. En un sens, on peut dire sans rougir que Tom Cruise continue un exceptionnel sans-faute avec cette série qui booste depuis vingt ans le cinéma d’action américain.
Mais cette fois, il manque tout de même un petit quelque chose qui faisait l’originalité de ces films : l’effet de surprise. Elle semble bien finie l’époque où chacun des films était confié à un cinéaste différent qui amenait sa (forte) personnalité. Après l’élégance de De Palma, John Woo avait signé un vrai film personnel avec son romantisme exacerbé, avant que JJ Abrams fasse des débuts remarqués, transposant sur grand écran l’efficacité imparable de ses séries TV.
Seulement voilà, JJ est resté producteur, et son influence est, depuis manifeste : l’homme de télé a mine de rien transformé la franchise de Tom Cruise en série de luxe, dont chaque épisode répond aux mêmes ambiances, aux mêmes mécaniques, et reprend le même groupe de comédiens. L’épisode 4 était tout de même formidable, et celui-ci aussi. Mais n’empêche : il y a cette petite frustration de ne plus être surpris et bousculé que par l’inventivité des séquences d’action.
Au moins la recette est-elle, et de plus en plus, assumée. C’est même ce qui est assez formidable dans ce nouvel opus, où Tom Cruise et Christopher McQuarrie, scénariste et réalisateur, assument leur ambition d’enchaîner les morceaux de bravoure, d’une manière totalement décomplexée, sans toujours trouver de liens logiques entre eux. Les personnages passent ainsi d’un pays à l’autre sans même faire semblant de trouver une raison, la fameuse scène de Tom accroché à l’avion ne sert à rien, et tout ça n’a effectivement aucune importance !
La recette fonctionne toujours parfaitement et, franchement, on ne fait pas mieux dans le genre aujourd’hui. D’ailleurs, ce n’est pas pour la prochaine mission que le renouvellement devrait arriver : le sixième opus devrait être une nouvelle fois écrit et réalisé par Christopher McQuarrie. Ce serait la première fois qu’un réalisateur rempilerait pour une mission de plus.
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