La Fiancée contre remboursement (The Bride came C.O.D.) – de William Keighley – 1941
Voilà une charmante comédie, vive et rafraîchissante, que n’aurait pas renié Preston Sturges. Keighley, pourtant, n’a pas la réputation du réalisateur des Voyages de Sullivan. Son cinéma, parfois pataud, manque souvent un peu de rythme (pas quand il co-signe Les Aventures de Robin des Bois avec Michael Curtiz, c’est vrai). Pas ici : dès les premières séquences, urbaines, le ton est donné, et le rythme est, d’emblée, imparable.
C’est l’histoire d’une jeune mondaine (Bette Davis, craquante et à baffer, une vraie héroïne de comédie américaine), qui s’apprête à épouser un bellâtre gentiment ridicule (Jack Carson, parfait) qui répète à l’Amérique entière que sa belle fiancée est la plus chanceuse des femmes… Bref, un personnage à la psychologie pas bien complexe ! Mais le richissime papa de la belle (Eugene Pallette, toujours génial, rond et truculent) ne veut pas de ce mariage. Alors le pilote d’avion qui doit conduire le couple à Vegas où ils vont se marier (c’est James Cagney) décide d’enlever la jeune femme pour le compte du papa, contre une somme qui lui permettra de rembourser ses dettes. Mais l’avion fait un atterrissage forcé en plein désert californien…
Le pilote et la mondaine que tout oppose, y compris les circonstances, forcés de cohabiter en milieu hostile… La recette n’est pas neuve, mais Keighley la filme avec une joie et une dérision qui font constamment mouches. Comme le couple très improbable formé par la précieuse Bette Davis (qui passe le film à se retrouver le cul dans les cactus) et par le massif James Cagney (qui passe le film à martyriser les pauvres fesses de la belle).
On sait d’emblée comment tout ça va finir, mais qu’importe : The Bride came C.O.D. n’est pas un film à suspense. Tout le plaisir vient du plaisir communicatif de ces acteurs et de la manière. Tout est au service du rythme, dans cette fantaisie qui fait du bien. Et même les rares « gros » gags (le mécano qui allume son allumette sur l’aile d’un avion en rase-mottes) s’inscrivent parfaitement dans la fluidité du récit.
Une belle surprise, donc, que cette comédie qui se moque gentiment du mariage, avec ce drôle de héros qui séduit ses « proies » d’un soir en leur montrant des photos de gamins qu’il a « empruntés » à un ami, et cette sentence définitive d’un homme de loi : « L’un va se marier, l’autre va en prison. Ça fait beaucoup de points communs. » Réjouissant, vraiment…
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