Randonneurs amateurs (A Walk in the woods) – de Ken Kwapis – 2015
Vingt ans que Robert Redford voulait tourner cette adaptation d’un best-seller signé Bill Bryson, l’histoire d’un homme vieillissant qui se lance un nouveau défi avec un ami perdu de vue depuis des lustres parcourir les 3500 kilomètres de l’Appalachian Trail, sentier de randonnée reliant la Georgie au Maine.
Dans les années 90, le film devait sceller les retrouvailles de Redford avec son complice de L’Arnaque et de Butch Cassidy et le Kid. Une date de tournage avait même été annoncée. Et puis la production a été repoussée. Et puis Paul Newman est mort. Visiblement pas l’envie de Redford puisque, flanqué de Nick Nolte, le voilà enfin sur les chemins… pour une petite chose bien sympathique, mais très anecdotique.
Une si longue attente pour si peu… Forcément, la déception est de taille, et ne prend pas de détour : dès les scènes d’introduction, lourdes et maladroites, on sent bien qu’il manque une vraie vision à un film qui menace régulièrement de tomber dans la comédie à deux balles, du genre de celles qu’enchaîne trop souvent De Niro, un autre vétéran.
Mais il y a de beaux moments, tout de même, tous liés au sujet même de cette histoire : un homme qui a tout réussi dans sa vie, qui renoue sur le tard avec ces petites choses minuscules qui font les souvenirs les plus marquants. Comme cette nuit que passent les deux comparses sur une corniche où ils se sont retrouvés coincés. Ou cette rencontre sans conséquence avec la patronne d’un petit hôtel au sourire aussi large qu’un souvenir de jeunesse.
Ces souvenirs de jeunesse que Redford et Nolte ne cessent de se rappeler, comme autant de trophées d’un passé sans gloire mais si précieux. Bien sûr, le film aurait été différent avec Newman, ne serait-ce que parce qu’on aurait évité les gags lourdingues sur le poids de Nolte… Mais entre ces deux vieux de la vieille que tout oppose, il se passe de bien jolies choses qui font pardonner le mauvais goût parfois prononcé du réalisateur.
Ce qui est par contre nettement moins excusable, c’est la platitude avec laquelle Ken Kwapis filme l’omniprésente et grandiose nature américaine. Trois ou quatre très beaux plans, guère plus. C’est peu pour un tel sujet. On sent bien que Kwapis a voulu éviter de tomber dans l’illustration carte-postale. Mais là, il ne donne jamais le sentiment d’être immergé dans la nature. Vingt ans d’attente, cela aurait mérité un réalisateur plus inspiré…
* DVD chez Metropolitan, sans aucun bonus.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.