La Brigade héroïque (Saskatchewan) – de Raoul Walsh – 1954
Alan Ladd dans un western de Raoul Walsh… Une valeur sûre ça, à tous les coups. Mais ce Walsh là ne fait pas partie des grands crus, loin s’en faut. La première demi-heure, même, mettrait presque mal à l’aise, tant les rapports humains sonnent constamment un peu faux. Le plus raté : les rapports entre l’officier de la police montée canadienne joué par Ladd, et son frère l’Indien Cajou, qui auraient dû être au cœur du film, mais dont on sent bien que Walsh ne sait pas trop quoi faire.
Comme il ne sait pas quoi faire de l’argument féminin du film, l’unique rescapée d’un massacre perpétré par les Sioux, interprétée par Shelley Winters. Une actrice toujours impeccable, mais qui n’a ici pas grand-chose de consistant à jouer. Un peu gênant…
Il y a pourtant de belles idées dans ce scénario (écrit par Gil Doud), qui campe son histoire au Sud du Canada, près de la frontière américaine, et près de l’endroit où Custer et ses hommes viennent d’être massacrés par les Sioux du Chef Crazy Horse. Une tuerie mentionnée à plusieurs reprises, et dont l’aura suffit à donner une impression de danger, rappelant la responsabilité du comportement oppressant des Tuniques Bleues sur les Indiens, dérives que les Tuniques Rouges sont tentées de réitérer, avec les mêmes conséquences attendues.
L’autre belle idée : c’est le décor du film, tourné en paysages naturels dans le parc naturel de Banff. La nature, ici, est omniprésente et majestueuse, dominant constamment l’action. Durant toute la première partie, on se dit même que c’est cette nature seule qui a attiré Walsh dans cette entreprise, tant il semble se désintéresser de l’histoire.
Et puis il y a un déclic : une formidable scène nocturne durant laquelle Ladd et un éclaireur affrontent une poignée d’Indiens qui surgissent de l’ombre et de la végétation comme des ombres. Une scène silencieuse absolument brillante, qui lance une longue séquence de poursuite à travers les grandes étendues, d’abord à cheval puis en bateau sur de vastes lacs qui donnent une ambiance étonnante et fascinante.
La fin sera plus convenue, mais cette longue poursuite aux images superbes et au rythme parfait, est le vrai cœur du film, rappelant que c’est le grand Walsh qui est aux commandes, et faisant oublier un scénario au mieux très convenu.