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La Vengeance de l’Indien / Le Sang de l’Indien (Reprisal !) – de George Sherman – 1956

Classé dans : 1950-1959,SHERMAN George,WESTERNS — 1 mai, 2016 @ 8:00

Le Sang de l'Indien

71 minutes, pas une de plus… George Sherman, cinéaste inégal capable du meilleur (Le formidable Vengeance à l’aube) comme du pire (Le Grand Chef, assez ennuyeux) signe un petit western admirablement tendu et loin d’être aussi anodin que son format et l’absence de vedette pouvaient laisser penser.

Souvent oublié dans l’histoire du western, Sherman n’a certes pas la carrure des grands maîtres comme Ford, Hawks, Wellman, Daves ou d’autres. Et il lui arrive plus souvent qu’à son tour de céder à une sorte de nonchalance routinière qui nuit à certains de ses films. Mais quand il est inspiré, il peut livrer d’excellents films, passionnants et gorgés de belles idées narratives.

C’est clairement le cas de ce Reprisal !, qui fait partie des très grandes réussites de Sherman. Dès la séquence d’ouverture, on est frappé par la manière dont le film introduit les personnages. L’arrivée d’un étranger en ville, entrée en matière on ne peut plus classique, se heurte ici à une porte fermée… L’action se déplace alors dans le traditionnel saloon, transformé ce jour-là en tribunal où sont jugés trois frères accusés d’avoir lyncher deux Indiens, et dont la culpabilité ne fait d’emblée aucun doute. Sauf que le jury les innocente en une poignée de secondes…

Reprisal ! fait partie de cette grande vague de westerns pro-Indiens. Rien de totalement neuf sous le soleil de l’Oklahoma, donc. Sauf que la manière dont Sherman aborde cette question du racisme renvoie clairement à la situation contemporaine des Etats-Unis, confrontées à des problèmes similaires dans les états du Sud. Les opprimés ici sont les Indiens, mais il paraît évident que l’action pourrait être transposée avec n’importe quelle minorité opprimée, à n’importe quelle époque (d’ailleurs, le scénario s’inspire d’un roman évoquant le racisme envers les noirs).

Inattendu aussi : le fait que le héros soit à moitié-Indien. Ce qui ne saute pas aux yeux, vu qu’il est interprété par le très blond Guy Madison, mais que Sherman dévoile assez vite lors d’un formidable dialogue avec un vieil Indien. On sent bien que ce sujet est cher au cinéaste, qui donne un magnifique rôle de squaw en mal de reconnaissance à Kathryn Grant (une vraie blanche, certes), et fait de l’impossible réconciliation entre les peuples le vrai sujet de son film.

La mise en scène est souvent aussi forte que ce sujet. Il y a même plusieurs scènes qui nous scotchent littéralement au fauteuil : le duel avorté et incroyablement tendu entre Madison et le plus jeune des frères Shipley ; ou le quasi-lynchage du héros, impressionnant, scène qui justifie à elle seule l’inspiration de Sherman, dont la caméra se plaque au sol pour mieux faire ressentir la puissance de la foule en colère, ou s’élève soudain en une vertigineuse plongée pour souligner le soudain isolement du héros…

Sherman donne un tel rythme à son film que Guy Madison, acteur plutôt transparent, semble dégager une grande intensité. Mais il faut dire qu’il est bien entouré, notamment par Felicia Farr (une habituée des westerns de Daves), dans un rôle pas si lisse qu’il n’y paraît au premier abord. Et c’est bien l’une des forces du film, qui ne cède jamais à la facilité du manichéisme. Un petit film, oui, mais un petit bijou.

* DVD dans la collection « Westerns de Légende » de Sidonis/Calysta, avec des présentations par Bertrand Tavernier et Patrick Brion.

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