L’Imposteur (The Impostor) – de Julien Duvivier – 1943
Dernier des films tournés par Duvivier lors de son exil hollywoodien durant l’Occupation (après deux films à sketchs, Six destins et Obsessions), L’Imposteur est l’occasion pour le cinéaste de retrouver son acteur fétiche Jean Gabin, lui aussi réfugié en Amérique, et un sujet qui n’est pas sans évoquer la noirceur de leurs films communs d’avant-guerre.
L’Imposteur est clairement un film de propagande, destiné à galvaniser l’opinion publique et à souligner, pas toujours très finement, que le conflit qui fait rage est l’affaire de tous. Mais le destin de ce condamné à mort qui s’évade lors d’un bombardement et prend l’identité d’un soldat, n’est pas si loin de celui du héros de La Bandera. C’est en tout cas une nouvelle fois un personnage hanté par le destin que campe un Gabin particulièrement intense.
Le style de Duvivier est là également, avec ses jeux d’ombres, ses gros plans dramatiques et la profondeur du noir et blanc. Avec une séquence d’ouverture qui semble sacrifier aux critères hollywoodiens : ces images très baroques et impressionnantes de l’explosion de la prison, où Gabin semble réduit au statut de jouet dans les mains d’un destin cynique et ironique.
La suite est assez convenue dans le fond : embarqué malgré lui pour l’Afrique avec d’autres soldats, coincé au milieu de nulle part avec pour mission de construire une piste d’atterrissage dans la brousse, il découvre peu à peu les vertus de l’armée, de la camaraderie et du sacrifice. Le sens du devoir aussi, même aussi loin de la ligne de front.
La moindre action, si anodine peut-elle sembler, peut participer efficacement à l’effort de guerre. Le message est limpide. Trop peut-être, et limite du coup l’impact de ce film par ailleurs assez passionnant. Mais il ne manque pas de belles idées. Comme ce Noël improvisé dans la fournaise africaine, ou le (petit) rôle joué par Ellen Drewe, en fiancé en deuil qui découvre la supercherie… Et qui ne cède à aucune facilité hollywoodienne.
Une curiosité qui vaut bien mieux que sa pauvre réputation.
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