Broadchurch (id.) – saison 1 – créée par Chris Chibnall – 2013
Broadchurch, sa plage, ses falaises, son joli port de pêche, son imposante église qui domine les habitations. Une petite ville anglaise au charme si typique, entre ses vieilles pierres pleines de charmes et ses quartiers résidentiels sans surprises. L’une de ces petites villes où il fait bon vivre, où tout le monde se connaît, s’appelle par son prénom et demande des nouvelles de la famille…
Mais ce matin-là, un corps est retrouvé sur la plage : celui d’un gamin de 11 ans, Danny Latimer, fils d’une famille aimée et respectée. Ce matin-là aussi, la policière Ellie Miller pensait prendre la tête de son équipe d’enquêteurs, et découvre qu’on lui a préférée un flic de la ville, rêche et peu aimable, entouré d’une réputation sulfureuse suite à la déroute d’une enquête autour de la mort d’une fillette…
En huit épisodes, serrés et bouleversants, Broadchurch réussit à être tout à la fois une passionnante enquête policière, et le portrait corrosif d’une communauté dont le vernis ne va cesser de craquer. Tout le monde se connaît, sauf que l’assassin est forcément des leurs. Personne ne peut être soupçonné d’un tel crime… du coup tout le monde l’est. Et cette plongée dans le soupçon et les tourments de l’âme humaine révèle ce que les hommes et les femmes ont de pire… mais aussi de plus beau.
Episode après épisode, le créateur et brillant scénariste Chris Chibnall prend un malin plaisir à déplacer les soupçons d’un personnage à un autre. Un pervers jeu du chat et de la souris qui sert aussi, et surtout, à dévoiler des secrets profondément enfouis. Les voisins dont on croyait tout savoir sont loin d’être aussi transparents. « Comment pouviez-vous ne pas savoir ? » interroge l’inspectrice Ellie Miller à une femme à propos de son lourd passé. Tout le fond de Broachurch repose sur cette question, ou plutôt sur son inverse : comment aurions-nous pu savoir ?
L’émotion est omniprésente, et on pleure, on pleure même beaucoup, à peu près de la première minute du premier épisode, à la dernière image de l’ultime épisode. Mais jamais Chibnall ne surenchérit dans l’émotion facile : les ressors scénaristique et une mise en scène toujours élégante se suffisent à eux-mêmes. Et jamais les comédiens ne surjouent cette émotion.
Et quels comédiens : jusqu’au plus petit second rôle, tous sont formidables, d’une justesse parfaite. Dans les rôles complexes et plein d’ambiguïtés des parents du petit Danny, Jodie WHittaker et Andrew Buchan sont sublimes. Quant à l’improbable duo d’enquêteur, il renouvelle joliment l’habituel tandem de flics mal assortis : Olivia Colman en mère de famille trop normale qui perd peu à peu sa naïveté ; et David Tennant (ex-Docteur Who), assez génial en flic associal et revenu de tout dont les fêlures se font de plus en plus béantes.
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