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Cartouche – de Philippe De Broca – 1962

Classé dans : 1960-1969,DE BROCA Philippe — 6 février, 2016 @ 8:00

Cartouche

« Amuse-toi, ça empêche de mourir. » Cette belle phrase, écrite par Charles Spaak et dite par une Claudia Cardinale d’une beauté spectaculaire, résume mieux que tout l’esprit qui règne sur ce sommet du film de cape et d’épée made in France. De la légèreté, oui, mais pour mieux dissimuler une vraie gravité, à l’image des grands films hollywoodiens du genre. Quinze ans après les grands classiques américains, De Broca marche dans les bottes d’un George Sidney. Avec un vrai brio.

La farce a bien pris un méchant coup de vieux : toute la partie « militaire » du film est dominée par un humour un peu lourdingue, à l’image du sergent recruteur interprété par un Noël Roquevert dans son éternel numéro de vieille baderne ridicule, tellement usé qu’il finit par lasser un brin. Mais quand De Broca se concentre sur l’action, sur les duels, et sur le suspense, là son film n’a plus rien à envier à Hollywood.

Dans le genre, a-t-on fait mieux en France que Cartouche ? Pas sûr. En tout cas, et malgré quelques seconds rôles un peu caricaturaux (Marcel Dalio force nettement le trait), le film est une belle réussite, qui inaugure la longue collaboration entre De Broca et Belmondo, qui donnera lieu à quelques-uns des meilleures films populaires des années à venir. Un Belmondo qui, d’enfant chéri de la Nouvelle Vague, révèle sa nature hyper-physique avec ce rôle de voleur qui devient le roi de la Cour des Miracles.

Le personnage, et le ton du film, doivent beaucoup à cette nature conquérante et exubérante que Belmondo exploitera jusqu’au bout, quitte au fil des années à devenir la caricature de lui-même. Il n’en est pas là. A pas encore 30 ans, pas encore cantonné systématiquement dans le même personnage, il alterne avec un bonheur rare la légèreté et la gravité, et donne corps à un personnage de gamin dont la flamboyance dissimule le mal-être.

Quant à Claudia Cardinale (ai-je déjà souligné sa beauté spectaculaire ?), superbe sauvageonne qui dévore la vie à pleine dent, elle se transforme peu à peu en héroïne tragique bouleversante. A eux deux, à leur jeunesse explosive, à la profondeur qu’ils apportent à leurs personnages, le film doit beaucoup de sa réussite.

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