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Archive pour le 24 janvier, 2016

L’Esclave libre (Band of Angels) – de Raoul Walsh – 1957

Posté : 24 janvier, 2016 @ 8:00 dans 1950-1959, DE CARLO Yvonne, WALSH Raoul, WESTERNS | Pas de commentaires »

L'Esclave libre

La fille d’un riche propriétaire du Sud découvre, à la mort de son père, qu’elle a du sang noir dans les veines. Une raison suffisante pour faire d’elle une esclave sans plus de droit que ceux qu’elle faisait travailler jusqu’alors. Sauf qu’elle est belle à damner (normal, c’est Yvonne De Carlo, la plus belle actrice du monde), et qu’elle est achetée par un puissant propriétaire terrien aux méthodes rustres, mais aux intentions nobles (normal, c’est Clark Gable, dans une version vieillie de 20 ans de Rhett Butler). Il y a de la romance dans l’air… sauf que la guerre de Sécession éclate, et avec elle toutes les certitudes établies.

Difficile de ne pas penser à Autant en emporte le vent devant ce film tourné presque vingt ans après, mais qui reprend un décor semblable et le même acteur principal. Mais cette production prestigieuse, romanesque et spectaculaire, échappe sans problème à la comparaison. La guerre de Sécession y est bien omniprésente, mais comme un ouragan dont on ne voit rien d’autre que l’effet qu’elle a sur les populations locales, esclaves et esclavagistes. Avec une volonté louable d’éviter le manichéisme.

Avec ce film, Walsh livre une sorte de réflexion sur la liberté, ou plutôt sur l’absence de liberté. Le personnage de Sidney Poitier (dans l’un de ses premiers grands rôles) est fascinant, esclave élevé comme un fils par Gable, pour qui la bonté de son maître est plus pernicieuse, plus condamnable que des coups de fouet. « Comment se rebeller contre la bonté ? » s’interroge-t-il, amer.

Walsh donne finalement le beau rôle aux Sudistes, dans son film. Mais c’est pour mieux dénoncer l’hypocrisie de ceux qui prétendent défendre l’égalité des hommes. « On en reparlera dans 100 ans », lance Clark Gable, entre dégoût et clairvoyance. De fait, la liberté est une notion toute relative, dans ce film, et ceux qui assistent impuissants à des chasses à l’homme dans les marais finissent eux-mêmes par devenir le gibier, dans une série de scènes dramatiques qui se répondent les unes aux autres.

Le personnage d’Yvonne de Carlo elle-même s’en rend compte, elle qui, de fille de grand propriétaire, devient « négresse » ramenée au rang d’esclave dans une série de scènes bouleversantes dont le réalisateur Steve McQueen semble s’être beaucoup inspiré pour son 12 years a slave. Actrice magnifique, Yvonne de Carlo trouve enfin un rôle à sa mesure (l’un de ses derniers films majeurs, curieusement). Omniprésente, elle est splendide dans le rôle particulièrement complexe d’une femme qui peine à trouver sa place entre son éducation et son sang.

Quant à Walsh, qui enchaînait alors les films avec Clark Gable (après Le Roi et quatre reines et Les Implacables), il n’utilise les énormes moyens à sa disposition que pour souligner la complexité de ses personnages. Comme dans cette fascinante séquence nocturne, dans une cour intérieure balayée par la tempête à la Nouvelle Orléans, où le personnage de Gable, quasi-muet, est renvoyé au sombre mystère de son passé.

Pour ce genre de scènes, pour les formidables interprètes, L’Esclave libre est une merveille. Un grand film hollywoodien, romanesque et intelligent.

 

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