Charlot rentre tard (One a.m.) – de Charles Chaplin – 1916
Titre alternatif (VF) : Le Noctambule
Titre alternatif (VO) : Solo
Pourquoi Chaplin est-il le meilleur ? Pourquoi ses courts métrages restent-ils comme l’incarnation la plus parfaite du burlesque américain ? La réponse se trouve peut-être dans ce film unique dans sa filmographie, un (quasi) « seul à l’image » absolument génial qui démontre à lui seul toute la force comique de Chaplin, sa capacité à tirer le meilleur des objets les plus anodins.
Aux antipodes de son précédent film, Chaplin n’incarne pas un vagabond, mais un dandy qui rentre chez lui totalement bourré. Mis à part le chauffeur qui le ramène, rôle court et anecdotique (joué par Albert Austin) qui disparaît après trois petites minutes, Chaplin est totalement seul à l’écran. Pourtant, il semble entouré d’une multitude d’adversaires hostiles : les objets de la maison qui paraissent s’être ligués pour s’opposer au moindre de ses mouvements.
Il veut attraper l’alcool posé sur la table ronde ? Elle le fuit dès qu’il s’approche, le manteau de Charlot s’étant accroché dans le plateau tournant de la table. Il veut monter l’escalier ? Ce dernier le ramène constamment au rez-de-chaussée, plutôt violemment. Glissant sur un tapis, se battant contre des peaux de bêtes, abandonnant face à un porte-manteau… Chaplin se lance dans une sorte de valse hilarante avec les objets qui l’entourent, dans une variation totalement folle et brillante de l’homme ivre, dont il s’était fait une spécialité avant même ses débuts à l’écran, lorsqu’il faisait partie de la troupe de Karno.
Les objets ont souvent une grande importance dans le cinéma de Chaplin et dans sa manière de construire l’humour. Mais rarement cette logique aura été poussée à un tel degré de perfection. One a.m. est un bijou.
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