X-Files, le film (X-Files : Fight the future) – de Rob Bowman – 1998
C’est un cas rarissime dans l’histoire de la série télévisée : un show qui a droit à son prolongement sur grand écran alors que la production télé se poursuit. L’existence même de ce film démontre l’importance d’X-Files à la fin des années 90. Après cinq saisons, la série de Chris Carter atteint alors des sommets en terme d’audience, et de qualité. Et c’est l’ensemble de la production télévisuelle qui s’en trouve durablement bouleversée…
Reste que pour mener à bien ce film, Chris Carter et son co-scénariste (le film est écrit avec le fidèle Frank Spotnitz) ont dû résoudre un véritable casse-tête : comment insérer efficacement le long métrage entre deux saisons (le film sort dont l’été, après la fin de la saison 5 et avant le lancement de la saison 6), en contentant les nombreux fans et sans délaisser ceux qui suivent de loin, voire pas du tout, la série et sa complexe mythologie.
Le film a été tourné avant la saison 5, dont la production a dû être réduite, et dont la conclusion était donc connue dès le début. Et il faut reconnaître que Carter réussit son coup. Le créateur de la série savait qu’il ne pouvait pas faire l’impasse sur les nombreuses figures mythiques de la série, il n’en oublie donc quasiment aucune (une exception, le mystère autour de la sœur de Mulder) : la conspiration, le gouvernement secret, l’invasion extraterrestre, la paranoïa, la relation tendre et ambiguë entre Mulder et Scully (avec un presque baiser qui a fait hurler les fans au cœur tendre !), l’huile noire, les abeilles… et la plupart des personnages emblématiques qui défilent, de Skinner à l’homme à la cigarette en passant par l’homme bien manucuré (qui fait ici ses adieux au show) et les Lone Gunmen.
Le film réussit même à imposer un personnage, joué par Martin Laudan qui, par sa paranoïa et son aspect mystérieux, marquera la mythologie de son empreinte même s’il n’apparaîtra jamais dans la série télé. Celui incarné par Armin Mueller-Stahl, présenté comme le chef du consortium, n’apporte par contre pas grand-chose si ce n’est le talent de son interprète.
Pour être honnête, le long métrage n’est rien d’autre qu’un long épisode de luxe, qui renoue avec la mythologie la plus pure et doit recentrer la série sur ce qui fait sa richesse depuis ses débuts. Réalisé avec efficacité par Rob Bowman (que Carter récompense ainsi pour la qualité qu’il a largement contribué à apporter à la série), le film ne manque pas de souffle, et se permet une séquence finale effrayante et très spectaculaire qui flirte avec Alien et Blade Runner, deux références qui n’avaient jamais été de mise dans la série.
* Voir aussi la saison 1, la saison 2, la saison 3, la saison 4, la saison 5, la saison 6, la saison 7, la saison 8, la saison 9, le second film, la saison 10 et la saison 11.