Terminator Genysis (id.) – d’Alan Taylor – 2015
Avec Terminator et sa première suite, James Cameron a durablement marqué l’histoire de la science fiction, en créant une mythologie d’une richesse impressionnante, et surtout en filmant l’action comme personne avant lui… C’était en 1984 et 1991. Depuis, deux suites sont sorties, qui prenaient des directions radicalement différentes: l’hommage un rien parodique avec T3, et le nouveau départ radicalement sombre avec Renaissance. Deux tentatives pas honteuses, mais pas inoubliables non plus.
Alors quand on a su que papy Schwarzy rempilait dans son rôle culte du T800, on ne peut pas dire que l’idée ait semblé particulièrement judicieuse. T’es pas un peu vieux pour ces conneries, Arnold ? Alors ? Eh bien non. Ca, c’est l’aspect franchement positif de ce nouvel opus, qui règle avec des astuces scénaristiques assez géniales le problème de l’âge du capitaine : le T800 a été envoyé des années auparavant pour protéger Sarah Connor, et les tissus qui recouvrent la machine ont vieilli.
Bah oui, il suffisait d’y penser. Et cette contrainte (l’intrigue se déroulant en 1984 puis 2017, il fallait que le Terminator ait été envoyé plus tôt, lorsque Sarah n’était qu’une enfant) a des répercussions passionnantes : les voyages dans le temps ont encore mis un sacré bordel dans le passé, le présent et le futur. Et lorsque Kyle Reese est envoyé par John Connor pour protéger Sarah en 1984 (ah oui, il faut avoir vu le film original), ce n’est pas une jeune femme innocente qu’il découvre, mais une guerrière.
Reprendre le point de départ du film de 1984 pour en décrire une version alternative radicalement différente… Une idée originale plutôt bien traitée par un scénario malin et audacieux, qui va jusqu’à s’autoriser de faire de la grande figure héroïque de la saga le méchant à abattre pour sauver l’humanité. Un scénario qui, par la même occasion, s’offre une petite critique pas désagréable de la société du tout-connecté. Plutôt réjouissant.
Vous sentez le « mais » arriver ? Le voilà… Mais, ce Terminator Genisys manque cruellement de ce qui faisait des films de Cameron de grandes réussites: une âme. L’humour semble mécanique, l’émotion sonne faux, et les séquences d’action, nombreuses et spectaculaires, ressemblent à ce qu’elles sont : des images sorties tout droit d’un ordinateur. Sans chaleur et sans relief.
Malgré toutes ses bonnes intentions, et ses idées réjouissantes, le film d’Alan Taylor distille rapidement un léger ennui. Cela manque d’humain. Skynet aurait-il gagné la guerre ?
* DVD chez Paramount, avec une simple featurette en bonus.