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Dr Jekyll et Mr Hyde (Dr. Jekyll and Mr. Hyde) – de Victor Fleming – 1941

Classé dans : 1940-1949,FANTASTIQUE/SF,FLEMING Victor — 8 décembre, 2015 @ 14:31

Dr Jekyll et Mr Hyde

Ce n’est pas la première adaptation du roman de Stevenson, loin de là : Hollywood s’est intéressé dès 1913 à ce classique du fantastique victorien. Mais celle-ci est sans doute la plus ambitieuse. La présence de Victor Fleming en est la preuve : les précédents films du cinéaste sont Le Magicien d’Oz et surtout Autant en emporte le vent… Bref : Fleming est LE réalisateur le plus important du moment, celui à qui on confie les productions les plus luxueuses.

Pourtant, Dr Jekyll est loin des standards hollywoodiens, des belles valeurs prônées généralement par la machine à rêve. La manière dont le film confronte le Mal au Bien, la terrible violence des rapports humains, ou les rapports des hommes avec les femmes… Dans tous ces aspects, on est loin, très loin du politiquement correct.

Le sujet même du film (et du livre bien sûr) est audacieux : chacun de nous possède une part d’ombre, la capacité de faire le Mal. Et c’est tout le « bienfait » de cette potion concoctée par le bon Dr. Jekyll : révéler la nature du Mal si profondèment enfoui en lui. Et cette nature est terrifiante. Hyde n’est pas un simple criminel : c’est un être dénué de toute empathie, sadique et dominateur. Ses face-à-face avec Ingrid Bergman, victime incapable de se défaire de son emprise, sont réellement glaçants.

C’est de l’actrice que vient l’une des grandes idées du film. En toute logique, les producteurs avaient prévu de lui confier le rôle de la douce fiancée du bon docteur, jeune femme de la bonne société innocente et romantique à l’extrême. A Lana Turner, habituée aux rôles plus âpres, celui de la serveuse des mauvais quartiers qui aiment s’amuser avec les hommes… Mais Bergman voulait casser son image et, miracle, a obtenu que les rôles soient inversés.

Ce n’est pas qu’elle joue la « mauvaise fille » : il y a peut-être moins d’innocence, mais autant de bonté chez elle que chez la douce Lana Turner. Mais ce double contre-emploi souligne avec force la puissance de la destinée, l’importance d’être bien né. Pas si courant, et loin du supposé manichéisme hollywoodien.

Les acteurs sont formidables. Lana Turner n’a pas grand-chose à jouer à part la pureté et l’innocence, certes, mais elle est absolument parfaite. Et Ingrid Bergman est bouleversante en jeune femme tragique marquée par le destin. Quant à Spencer Tracy, omniprésent, il est simplement immense, aussi convainquant dans la sobriété de Jekyll que dans les excès de Hyde. La qualité du maquillage et des effets spéciaux ne fait que servir son jeu.

Et visuellement, le film est une splendeur, tourné dans un noir et blanc aux ombres profondes, comme cette séquence nocturne dans le parc, où Jekyll semble s’enfoncer constamment dans une brume profonde. La première scène de la transformation est également exceptionnelle. Durant de longues séquences, la caméra se glisse dans les coins les plus improbables de l’atelier pour ne filmer que des ombres, des reflets ou des silhouettes, avant de dévoiler peu à peu le visage monstrueux de Hyde : à travers un verre déformant, puis la buée d’un miroir. La révélation est saisissante…

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