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Archive pour le 3 décembre, 2015

L’Indésirable (A tolonc) – de Michael Curtiz (Mihaly Kertesz) – 1915

Posté : 3 décembre, 2015 @ 5:30 dans 1895-1919, CURTIZ Michael, FILMS MUETS | Pas de commentaires »

L'Indésirable

Michael Curtiz se fait encore appeler Mihaly Kertesz lorsqu’il réalise cette adaptation d’une pièce hongroise à succès de 1880, signée Ede Toth. Une vraie curiosité : la plupart des films de sa période hongroise ont disparu, une période qui s’achève en 1919, lorsque le réalisateur s’exile en Autriche. En attendant bien sûr sa grande période hollywoodienne, à partir de 1926.

Malgré l’utilisation de nombreux décors naturels, il y a quelque chose de très théâtral dans ce film dont la maîtrise technique du grand Curtiz est encore à peu près totalement absente. La caméra est systématiquement fixe et filme la scène de manière frontale, typique du cinéma des origines. Le jeu de la plupart des comédiens (grands noms de la scène hongroise) a également ce côté excessif et maniéré que l’on retrouvait beaucoup dans les premières années du cinéma.

Pourtant, il y a du rythme et de la vie dans ce pur mélodrame tire-larme, un habile travail sur le montage et une manière de mettre en scène l’action avec une grande efficacité. Quelques beaux jeux de lumière aussi, comme lorsqu’une porte s’ouvre et laisse entrer une lumière vive à l’écran, ou lors des longues marches dans la nature, entre la ville et le village, les deux pôles de cette histoire.

L’histoire, justement, y va franco côté pathos. Le film commence sur le lit de mort d’un homme qui, avant de passer de vie à trépas, avoue à sa fille qu’il n’est pas son vrai père : sa mère, qu’elle ne connaît pas, à tuer son père violent lorsqu’elle était encore gamine, et pourrit depuis en prison, à moins qu’elle ne soit morte.

Et voilà la jeune femme seule au monde, qui se fait embaucher comme servante dans une maison bourgeoise, avec le fils de famille qui tombe amoureux d’elle, et le père qui lui fait du gringue. Et pendant ce temps, la mère, toujours vivante, libérée après quinze ans de prison, et rêvant de retrouver sa fille…

Le ton est ouvertement tragique, mais avec quelques éléments de comédie qui viennent aérer ce drame franchement plombant. C’est ce mélange des genres qui séduit le plus dans ce film, comme les nombreux changements de rythme, et les passages constants entre des intérieurs un peu étouffants, et des extérieurs de toute beauté.

Un film de jeunesse, certes, loin de ses grandes réussites à venir… Mais L’Indésirable, longtemps disparu et retrouvé miraculeusement très récemment, est bien plus qu’une simple curiosité.

The Major (Maïor) – de Youri Bykov – 2013

Posté : 3 décembre, 2015 @ 3:04 dans * Polars européens, 2010-2019, BYKOV Youri | Pas de commentaires »

The Major

Elle n’est pas gaie, cette Russie au cœur de The Major : un pays glacial et sans joie, peuplé d’êtres tristes vivants dans des villes ouvrières sans charme et recouvertes d’une épaisse couche de neige. C’est dans ce décor que le film commence, par un faits divers tragiquement banal : un automobiliste qui roule trop vite pour retrouver sa femme sur le point d’accoucher, un enfant qui traverse la route, la neige qui interdit tout arrêt brusque…

A partir de ce terrible accident, Youri Bykov nous plonge dans la violence et la corruption de son pays. Il se trouve que l’automobiliste impliqué est un capitaine de police, et que pour le couvrir, ses collègues et supérieurs sont prêts à tout : mensonge, intimidation, meurtre même… Et au vu et au su de tous, qui plus est, et c’est là que le film de Bykov est le plus perturbant : lorsqu’il décrit cette loi du silence, ce poids si inhumain et imparable du pouvoir.

Pour son film (son deuxième long métrage), Youri Bykov choisit des tons quasi monochromes, sans la moindre couleur vive si ce n’est celle du sang qui tache la neige. Et ce n’est pas un hasard : dans ce pays où les citoyens se heurtent à la toute puissante des « officiels », l’espoir est une notion bien étrangère… Et le soudain réveil de conscience de notre « héros » n’y changera pas grand-chose.

D’une noirceur abyssale, le film est aussi passionnant que dérangeant. Il permet surtout de révéler l’incroyable talent de Youri Bykov, l’auteur, l’âme et l’incarnation de ce faux film noir construit comme un western tragique. Dans le rôle du cow-boy qui tente de se racheter une conduite, Denis Shvedov est parfait. Mais c’est Youri Bykov lui-même qui dévore l’écran dans le rôle du flic chargé des basses œuvres : un sale type, certes, mais dévoré par la lassitude, l’écœurement, et même la peur de se confronter lui-même à la violence.

Sa présence à l’écran et la profondeur qu’il apporte à ce personnage d’ordure absolue sont assez sidérantes. Acteur, réalisateur, scénariste, monteur du film, Youri Bykov est aussi le compositeur d’une musique totalement envoûtante qui fait beaucoup pour l’atmosphère unique du film. Un talent éclectique pour un film électrique… Youri Bykov est un cinéaste à suivre.

* DVD édité chez Luminor / Arcadès, avec peu de bonus : la seule bande annonce, et la présence du dossier de presse papier, avec notamment une interview de Youri Bykov.

 

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