Play it again, Sam

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Le Café du Cadran – de Jean Gehret (et Henri Decoin) – 1946

Classé dans : * Polars/noirs France,1940-1949,DECOIN Henri,GEHRET Jean — 30 novembre, 2015 @ 14:38

Blanchette Brunoy, Bernard Blier, Félix Oudart

Bernard Blier en patron de bistrot à la femme trop belle… On a l’impression d’avoir vu ça cent fois. Pourtant, ce film méconnu d’un cinéaste oublié (même s’il semble que Decoin soit le véritable auteur du film) est une réussite et une œuvre assez originale. Parce que Blier n’est pas le cocu magnifique qu’on attend de lui, et parce que le réalisateur, quel qu’il soit, prend le temps d’installer son film dans une sorte de routine quotidienne assez passionnante.

C’est à la fois la force et la petite faiblesse du film : ne pas se reposer sur un enjeu dramatique fort, et signer une chronique basée sur les habitudes d’un bistrot parisien, ces gestes quotidiens répétés à l’envi, et ces petits changements qui paraissent si anodins mais qui sont de véritables révolutions pour ces silhouettes désormais si familières.

Sans doute le film manque-t-il d’une atmosphère plus envoûtante, et peut-être souffre-t-il d’une réalisation un peu trop fonctionnelle. Mais dans ce quasi hui-clos, on se laisse emporter par cette petite musique qui évite à tout prix le sensationnel. Et puis, il y a autant de personnages que d’enjeux personnels : le poivrot repenti qui cherche à se racheter aux yeux de celle qu’il a blessé, les journalistes confrontés au rachat de leur canard (déjà), cette amoureuse transie qui observe son amant lui échapper, ce vieux barman qui connaît tout de ses clients…

Malgré les contraintes de lieu (jamais la caméra ne va plus loin que le trottoir devant le café), le film grouille de vie et de mouvements. En fil rouge, la traditionnelle opposition de la campagne et de la capitale : Blier et sa femme (Blanchette Brunoy) sont deux Auvergnats tendres et amoureux, qui découvrent la vie parisienne. Avec résignation pour elle, avec un rien de cynisme pour lui, qui réalisera trop tard qu’il n’est pas de taille pour dompter la ville. La conclusion, cruellement ironique, remettra chacun à sa place.

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