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The Lost Moment (id.) – de Martin Gabel – 1947

Classé dans : 1940-1949,GABEL Martin — 24 novembre, 2015 @ 18:27

The Lost Moment

Très belle surprise que ce film oublié d’un réalisateur oublié, Martin Gabel, l’un de ces acteurs (il jouait notamment le mafieux de Bas les masques) passés derrière la caméra. Une expérience sans suite d’ailleurs, pour cet ancien membre du Mercury Theatre d’Orson Welles, dont la carrière de cinéaste a sans doute été avortée à cause de l’échec injuste mais sans appel de The Lost Moment.

Le film avait pourtant tout du succès annoncé, adaptation ambitieuse d’un grand texte littéraire (la nouvelle Les Papiers d’Aspern de Henry James) dont l’action se déroule dans une maison chargée d’un lourd secret… Un véritable genre en soi depuis le triomphe de Rebecca. La première demi-heure, d’ailleurs, renvoie clairement au chef d’œuvre d’Hitchcock : même omniprésence du passé, même présence presque fantomatique de la maison, même voix off qui ramène des années en arrière, à cette époque où tout a basculé dans la vie du narrateur…

Mais le film se démarque rapidement pour imposer sa singularité, à mi-chemin entre l’effroi et le romanesque, entre le cynisme et le romantisme. Martin Gabel et le scénariste Leonardo Bergovici (un futur blacklisté d’Hollywood) jouent avec les codes du film de genre pour mieux s’en démarquer, inspirés par leurs magnifiques décors : les canaux de Venise qui donnent lieux à de superbes jeux de reflets, et cette maison au style gothique qu’une série de travellings impressionnants transforme en un personnage à part entière.

C’est là que vivent une étrange jeune femme (Susan Hayward, dont le regard est tout simplement bouleversant) et sa tante, une femme de 105 ans qui a été la maîtresse et l’inspiratrice d’un grand poète mort des décennies plus tôt. C’est là aussi que s’introduit le héros (Robert Cummings), véritable transfuge du film noir : un éditeur cynique et sans scrupule prêt à tout pour s’emparer des lettres d’amour écrites par ce poète.

Le film est une suite ininterrompue de faux-semblants, jouant sur la réalité et l’illusion. Même les ressors dramatiques reposent sur ces faux-semblants, comme cette séquence de pur suspense dans le restaurant, qui se révèle être un leurre pour le spectateur. Rien n’est jamais vraiment ce que l’on croit : la passion amoureuse d’hier, ou le romantisme d’aujourd’hui, cachent de sombres secrets. D’où le trouble qui s’insinue jusqu’au dénouement, poignant. Une bien belle découverte, oui.

* Le DVD est paru chez Sidonis/Calysta, curieusement dans la collection Perles Noires. Avec des présentations par Patrick Brion et François Guérif.

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