Les Gaités de l’Escadron – de Maurice Tourneur – 1932
Maurice Tourneur, immense cinéaste oublié et en passe d’être réhabilité (grâce en particulier au beau livre de Christine Leteux, et à de récentes éditions DVD), considérait cette pochade adaptée d’une pièce de Courteline comme l’un de ses films préférés. Ah bon…
Peut-être à l’époque cette vision de l’armée était-elle audacieuse, et novatrice ? Aujourd’hui en tout cas, cette tranche de vie est au mieux amusante, mais surtout très anecdotique.
Réalisé gentiment, sans grande inspiration (on est loin de ses grands films muets ou de Justin de Marseille, tourné quelques années plus tard), le film est une succession de gags gentils et pas vraiment irrévérencieux, la chronique d’une caserne où l’ambition première semble être le bien-être.
Avec des intrigues à couper le souffle : qui a volé le pain laissé à refroidir sur le rebord de la fenêtre ? qui a mis ces tas de crottins dans le bureau de l’officier ? machin trouvera-t-il un moment pour se reposer ? Quitte à paraître d’une autre époque, l’intrigue ressemble plus à une BD de Pim, Pam, Poum qu’aux chefs d’oeuvre comme La Bandera que Gabin ne tardera pas à enchaîner.
Gabin justement : tout jeune, pas encore dans son emploi, il trouve ici l’un de ses premiers rôles marquants, celui d’un tire-au-flanc qui fait tout pour être chargé des corvées du camp, plus reposantes que les marches et exercices quotidiens des soldats…
Il y a Fernandel aussi, tout jeune également, amusant dans le rôle d’un soldat volontaire et courageux, mais poissard comme c’est pas permis. Et Raimu en figure paternelle et bienveillante, finalement très touchant. Plus que le semblant d’intrigue, plus que l’irrévérence d’une autre époque, plus que la comédie pas vraiment convaincante, ce sont eux, les comédiens, qui assurent l’intérêt du film.