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Archive pour le 20 novembre, 2015

Les Gaités de l’Escadron – de Maurice Tourneur – 1932

Posté : 20 novembre, 2015 @ 5:51 dans 1930-1939, GABIN Jean, TOURNEUR Maurice | Pas de commentaires »

Les Gaités de l'Escadron

Maurice Tourneur, immense cinéaste oublié et en passe d’être réhabilité (grâce en particulier au beau livre de Christine Leteux, et à de récentes éditions DVD), considérait cette pochade adaptée d’une pièce de Courteline comme l’un de ses films préférés. Ah bon…

Peut-être à l’époque cette vision de l’armée était-elle audacieuse, et novatrice ? Aujourd’hui en tout cas, cette tranche de vie est au mieux amusante, mais surtout très anecdotique.

Réalisé gentiment, sans grande inspiration (on est loin de ses grands films muets ou de Justin de Marseille, tourné quelques années plus tard), le film est une succession de gags gentils et pas vraiment irrévérencieux, la chronique d’une caserne où l’ambition première semble être le bien-être.

Avec des intrigues à couper le souffle : qui a volé le pain laissé à refroidir sur le rebord de la fenêtre ? qui a mis ces tas de crottins dans le bureau de l’officier ? machin trouvera-t-il un moment pour se reposer ? Quitte à paraître d’une autre époque, l’intrigue ressemble plus à une BD de Pim, Pam, Poum qu’aux chefs d’oeuvre comme La Bandera que Gabin ne tardera pas à enchaîner.

Gabin justement : tout jeune, pas encore dans son emploi, il trouve ici l’un de ses premiers rôles marquants, celui d’un tire-au-flanc qui fait tout pour être chargé des corvées du camp, plus reposantes que les marches et exercices quotidiens des soldats…

Il y a Fernandel aussi, tout jeune également, amusant dans le rôle d’un soldat volontaire et courageux, mais poissard comme c’est pas permis. Et Raimu en figure paternelle et bienveillante, finalement très touchant. Plus que le semblant d’intrigue, plus que l’irrévérence d’une autre époque, plus que la comédie pas vraiment convaincante, ce sont eux, les comédiens, qui assurent l’intérêt du film.

La Traversée de Paris – de Claude Autant-Lara – 1956

Posté : 20 novembre, 2015 @ 5:48 dans 1950-1959, AUTANT-LARA Claude, GABIN Jean | Pas de commentaires »

La Traversée de Paris

Le chef d’œuvre d’Autant-Lara, cinéaste très très inégal dont une grande partie de la filmographie est pour le moins dispensable. Cette adaptation (par Jean Aurenche et Pierre Bost, deux scénaristes qui connaissent bien leur sujet) d’un roman de Marcel Aymé est un portrait au vitriol, d’une extrême cruauté, de la France de l’Occupation.

Dans La Traversée de Paris, il ne s’agit pas, pour une fois, d’opposer occupés et occupants, mais de filmer ces Français qui ont fait leur beurre de l’occupation, et ceux qui ont révélé leur part d’ombre, les aspects les plus indéfendables de l’âme humaine. Bref, une galerie pitoyable croisée par Bourvil et son comparse d’un soir Gabin, lors de leur traversée de Paris pour une livraison de charcuterie destinée au marché noir.

Dans ce Paris nocturne, ils ne sont pas nombreux à trouver grâce aux yeux d’Autant-Lara et de ses scénaristes. Avec un point d’orgue : la séquence dans le bistrot où Bourvil et Gabin vont se réfugier, peuplé d’êtres lâches et mesquins. Le fameux « Salauds de pauvres » lâché avec le plus grand des mépris, n’est finalement qu’une formule pour mettre des mots sur l’humanité dans toute sa laideur.

Ces « salauds de pauvre » qui ont choisi le repli sur soi et l’égoïsme le plus radical sont indéfendables. Mais qui l’est dans ce film ? Bourvil, chauffeur de taxi privé de travail par l’occupation qui survit en participant au sordide marché noir ? Ou Gabin, riche artiste qui ne prend part à cette virée nocturne que pour tromper son ennui ?

Le personnage le plus « propre », le plus sensé, c’est lui. C’est vers lui que va la sympathie du spectateur lorsqu’il fait face aux mesquins, aux profiteurs, à ce « Jambier, 45 rue Poliveau » interprété avec déjà beaucoup d’excès par Louis De Funès. Pourtant, que risque-t-il ? Que fait-il là, à s’amuser au côté des pauvres qu’il méprise tant ?

Et qui est le plus cynique ? Bourvil, qui affiche un dédain feint pour la terre entière ? Un sale type, oui, mais un pauvre type surtout… Ou Gabin, tellement à l’abri qu’il n’aura même pas à affronter les conséquences de ses actes.

Il y a des moments très savoureux dans La Traversée du Paris. Et Claude Autant-Lara n’a peut-être jamais été aussi inspiré, signant une mise en scène élégante dont le noir et blanc profond et les décors semblent faire le lien entre le réalisme poétique et le cinéma français des années 60. Une traversée cynique et inoubliable…

 

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