La Grande horloge (The Big Clock) – de John Farrow – 1948
Un reporter spécialiste des faits divers est chargé par son patron d’enquêter sur la mort d’une jeune femme. Mais le tout puissant patron, qui était l’amant de la victime, est le meurtrier, et entend bien faire porter le chapeau à un autre: un mystérieux inconnu qui a rencontré la jeune femme quelques heures avant sa mort. Ce qu’il ignore, c’est que cet inconnu n’est autre que le journaliste lui-même, forcé de donner le change au fur et à mesure que sa propre enquête resserre l’étau autour de lui…
Quarante ans plus tard, un remake plutôt pas mal transposera cette histoire assez fidèlement dans le décor du Pentagone (Sens unique, avec Kevin Costner et Gene Hackman). Mais sans égaler ce chef d’oeuvre de suspense, aussi irrésistible pour son intrigue génialement retorse que pour l’élégance et l’efficacité de sa mise en scène.
Sur un scénario de John Lattimer, à qui on doit déjà le formidable La Clé de verre ainsi que Ils ne voudront pas me croire, dont le script était déjà excellent, John Farrow signe sans doute son meilleur film, une véritable merveille narrative.
Hitchcockien sur le fond, Langien sur la forme, The Big Clock est un chef d’œuvre géométrique, qui évoque constamment une sorte de spirale infernale et sans issue, et dont la mise en scène élégante semble ne rien laisser au hasard.
Rien à jeter dans ce film noir qui procure un plaisir immense vision après vision. Charles Laughton, qui en fait des tonnes comme souvent, est savoureux. Ray Milland rappelle une nouvelle fois qu’il est un acteur intense et fin. Et les seconds rôles sont excellents : Maureen O’Sullivan (Mme Farrow à la ville), le racé George Macready… et surtout l’excentrique Elsa Lanchester, l’inoubliable Fiancée de Frankenstein, inoubliable dans son rôle d’artiste peintre totalement décalée.