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Archive pour août, 2015

M le maudit (M) – de Fritz Lang – 1931

Posté : 15 août, 2015 @ 9:13 dans * Polars européens, 1930-1939, LANG Fritz | Pas de commentaires »

M le maudit

Ce monument du 7ème art garde, plus de 80 ans après sa réalisation, une puissance incroyable. Visuellement, Lang, au sommet de son art, renoue avec la perfection esthétique de ses chefs d’oeuvre du muet. Dans un noir et blanc sublime, et avec un sens de la composition du cadre qui rappelle constamment sa passion première pour la peinture, Lang filme la ville et ses habitants comme personne avant lui.

Ses images évoquent souvent Docteur Mabuse, autre film (muet celui-là) qui pointait du doigt les fêlures et les monstruosités de la société allemande. Et c’est vrai que les thèmes abordés sont souvent les mêmes, et se font écho aux remous qui secouaient l’Allemagne de l’entre-deux-guerre. Pas un hasard si Lang, cinéaste chéri du pouvoir, s’exilera après 1933, et si M le maudit sera interdit par le régime nazi.

Pourtant, l’approche de Lang pour ce film est radicalement différente de celle de ses grands films muets, très feuilletonesques. Il y a bien des personnages au coeur du film : le tueur joué par Peter Lorre bien sûr, mais aussi le commissaire Lohmann, que Otto Wernicke retrouvera pour Le Testament du Docteur Mabuse. Mais Lang filme avant tout la société berlinoise en tant que tel. Même s’il ne délaisse pas ses personnages (Lorre comme Wernicke sont inoubliables), ce qui intéresse Lang est de disséquer les effets de la violence sur le peuple.

La construction du film est extraordinaire, avec un enchaînement imparable de séquences toutes plus fortes les unes que les autres. Dès la première séquence, le ton est donné, longue scène par moments presque muette qui met en scène l’immontrable : le meurtre d’un enfant, que l’on ne verra jamais vraiment, et que Lang illustre par l’absence. Une chaise vide, un escalier vide, une rue vide… et le hurlement de cette mère que l’on jurerait avoir entendu.

Et puis il y a la paranoïa, et cette foule assoifée de sang prête à lyncher le premier suspect venu parce que la violence appelle la violence (un thème qui sera au cœur de Fury, le premier film américain de Lang). Et là, on comprend pourquoi les personnages en tant que tels sont à ce point en retrait : Lang est fasciné par l’effet de la violence (ce n’est pas une nouveauté), et par le comportement des masses, et son M est peut-être le plus politique de ses films, et le plus critique par rapport à ses concitoyens.

Lang filme la peur, la colère, la suspicion, la folie d’un homme et à travers elle celle d’un peuple. Splendide et terrifiant, le film regorge d’idées géniales : le choix de Peter Lorre pour commencer, hallucinant avec son visage rond et puéril et ses gros yeux globuleux ; cette si belle musique qui annonce la pire des horreurs ; cette armée de mendiants et de criminels lancée dans une chasse à l’homme impitoyable jusqu’à prendre littéralement d’assaut un immeuble…

Formidable aussi : la manière dont Lang met en parallèle la police et la pègre, lancées dans une même quête du mystérieux meurtrier. Chacune avec sa propre motivation, l’une pour faire respecter l’ordre, l’autre en dépit de toutes les lois, mais finalement avec le même objectif et finalement les mêmes armes, comme le sous-entend la très cynique séquence du procès, qui fait vaciller toutes les certitudes tout en balayant les dernières illusions.

M le maudit est une merveille du cinéma, d’une intelligence et d’une force rarement égalées. Peut-être l’oeuvre-clé de tout le cinéma de Fritz Lang.

Survivor (id.) – de James McTeigue – 2014

Posté : 15 août, 2015 @ 9:08 dans * Thrillers US (1980-…), 2010-2019, ACTION US (1980-…), McTEIGUE James | Pas de commentaires »

Survivor

Collaborateur des Wachovsky, qui lui ont confié la réalisation de V pour Vendetta, James McTeigue s’est, depuis, spécialisé dans le thriller, avec une poignée de films passés inaperçus, dont celui-ci qui, malgré un beau casting, n’est pas passé par la case « grand écran » en France.

Il a pourtant tout pour plaire, ce film d’espionnage paranoïaque qui renouvelle avec efficacité des thèmes archi-rabachés, une sorte de version post 11 septembre des Trois Jours du Condor. Seulement, McTeigue n’est pas Pollack, et son film penche plus souvent vers l’action pure que vers la parano terrifiante des chefs d’oeuvre du genre, jusqu’à foirer assez magnifiquement un final qui rappelle curieusement celui de Strange Days (tiens, avec Angela Basset, qui tient ici un petit rôle sans consistance), dans un autre genre et en beaucoup moins percutant.

Formellement, McTeigue a sans doute plus d’ambition que de talent. On sent bien qu’il veut prendre le contre-pied des thrillers surexcités du moment, et qu’il cherche à créer une atmosphère nocturne à la Michael Mann. En vain, hélas. Trop anonyme, sa mise en scène ne parvient jamais à emballer totalement un récit pourtant plein de bonnes idées.

Dans le rôle principal, Milla Jovovich est très bien en spécialiste de la sécurité travaillant pour l’ambassade américaine à Londres, qui découvre l’existence d’un complot visant à perpétrer un attentat à grande échelle sur le sol américain. Convaincante, même si son personnage manque de profondeur. Comme l’ensemble des personnages, d’ailleurs, tous très schématiques. Mais l’interprétation est de qualité, à commencer par Pierce Brosnan qui trouve là son grand rôle de méchant.

Le meilleur du film, mis à part quelques séquences joliment tendues (le premier attentat surtout, beau morceau de bravoure), c’est son décor : Londres, que la caméra explore de fond en comble, des quartiers résidentiels aux bas-fonds, du coeur touristique aux égoûts. La capitale anglaise est le vrai personnage principal (d’ailleurs, l’affiche met en scène un Big Ben en flammes… totalement trompeur !!). Dès que l’action bascule aux Etats-Unis, le film perd de sa force et se met au niveau d’un direct-to-DVD classique.

* DVD chez M6Vidéo, avec un making-of promotionnel en bonus.

Spartacus (id.) – de Stanley Kubrick (et Anthony Mann) – 1960

Posté : 14 août, 2015 @ 12:23 dans 1960-1969, CURTIS Tony, DOUGLAS Kirk, KUBRICK Stanley, MANN Anthony | Pas de commentaires »

Spartacus

Kubrick a décidément marqué tous les genres qu’il a abordés. Avec Spartacus (commencé par Anthony Mann, à qui on doit les premiers plans du film), c’est tout simplement l’un des plus beaux péplums du monde qu’il réalise. Pour ne pas dire LE plus beau. Superproduction et drame intime, le film est une merveille sur tous les plans. Si le film est si réussi, c’est parce que malgré l’ampleur des moyens et la beauté fulgurante des images, c’est le couple Jean Simmons-Kirk Douglas qui est au coeur de tout, incarnation superbe de tous les rêves brisés de ces esclaves.

« Did they hurt you? » murmure Spartacus le gladiateur à la belle esclave jouée par Jean Simmons avec laquelle il a noué une relation uniquement basée sur le regard, privés de tout autre contact. Et ce simple murmure, bouleversant, équivaut à la plus déchirante des déclarations d’amour. Cette histoire d’amour est, tout au long des trois heures du film, le fil conducteur, le moteur et l’âme de Spartacus, fresque grandiose dont les moyens immenses sont toujours au service des personnages.

La mise en scène de Kubrick est exceptionnelle. Parfois minimaliste, comme cette série de plans très simples dans les cellules qui souligne l’isolement extrême et cruel des gladiateurs. Avec, aussi, une utilisation très intelligente des ellipses, qui évitent l’accumulation de scènes de combats qui n’auraient rien apporté au propos. Mais même s’il ne se complaît pas dans l’étalage de ses moyens, Kubrick assume l’aspect superproduction de son film, avec de superbes plans de foule ou encore l’impressionnante marche des légions romaines lors de la grande bataille.

Sans jeu de mots pourri, les morceaux de bravoure sont légions. Les moments de calme en sont d’autant plus forts, comme cette parenthèse bouleversante durant laquelle le personnage de Tony Curtis dit un poème aux esclaves en fuite, sublime partage des beautés et des espoirs de la vie.

Le film trouve le parfait équilibre entre ces moments de pure beauté et les scènes d’action, durant lesquelles les acteurs donnent de leur personne. Y compris la star Kirk Douglas, dont on voit bien pendant l’évasion qu’il a lui-même fait ses cascades. Aussi formidable pour sa présence physique hors norme que pour le mélange de force et de douleur qu’il apporte à son personnage. L’un des plus beaux moments du film est son regard perdu lorsque le gladiateur joué par Woody Strode (magnifique dans un rôle quasi-muet) refuse de le tuer, signant par là-même son propre arrêt de mort.

Comme dans la plupart des grosses productions de l’époque, Kubrick a droit à une distribution très prestigieuses. Souvent un cadeau empoisonné, avec la difficulté que l’on imagine pour que chacun trouve sa place. Mais le cinéaste parvient à faire exister chacun d’entre eux, et de quelle manière. Laurence Olivier, Charles Laughton (monstrueux et terriblement humain), Peter Ustinov, John Gavin (inattendu en César), Charles McCraw, John McIntire… tous trouvent ici l’un de leurs meilleurs rôles.

Spartacus est un chef d’oeuvre comme le péplum en a peu connu. Le génie de Kubrick y est pour beaucoup, l’implication totale de l’acteur et producteur Kirk Douglas aussi. Quant au scénario, signé Dalton Trumbo, il est lui aussi exceptionnel, osant « infliger » au spectateur une ultime demi-heure d’une noirceur et d’un pessimisme déchirants.

Le Mariage est pour demain (Tennessee’s Partner) – d’Allan Dwan – 1955

Posté : 14 août, 2015 @ 12:21 dans 1950-1959, DWAN Allan, WESTERNS | Pas de commentaires »

Le mariage est pour demain

Dans la série des films de Dwan produits par Benedict Bogeaus, qui forment un corpus d’une remarquable cohérence, avec les couleurs chaudes de John Alton, celui-ci est l’un des plus réussis, et des plus surprenants à la fois.

Sur le papier, Tennessee’s Partner est un film d’une grande noirceur, jonché de cadavres, avec une foule transformée en meute assoiffée par l’appât du gain, une femme fatale et une amitié mise en péril. Mais Dwan filme cette histoire comme une comédie, avec une légèreté qui contraste avec la gravité du sujet. Un heureux mélange des genres qui fait du film une oeuvre si singulière.

Résultat : un western curieux et fascinant dominé par la tendre amitié liant Tennessee et Cowpoke, deux figures archétipales de western (un mineur et un joueur de poker) minées par leur solitude. Mais si les personnages sont des archétypes, l’amitié entre ces deux-là ne ressemble à aucune autre dans la longue histoire du genre, aux antipodes des liens virils habituels. John Payne (formidable et à la rigidité irrésistible) et Ronald Reagan (dans l’un de ses meilleurs rôles) apportent une pointe d’auto-dérision bienvenue.

Le film ne tombe pourtant jamais dans la pure comédie. La légèreté n’est qu’apparence, et ce film singulier frappe aussi par la violence de certaines situations, par la radicalité des sentiments, et par sa manière d’opposer l’amitié et l’amour. Pour vivre pleinement son amitié avec son « partner », Tennessee devra écarter celle que son ami devait épouser. Et se poser la question de son propre avenir avec la belle Rhonda Fleming, élément troublant de l’équation, superbe en tenancière de salon de jeux (entre autres), femme forte et amoureuse.

La Comtesse (The Countess) – de Julie Delpy – 2009

Posté : 14 août, 2015 @ 12:19 dans 2000-2009, DELPY Julie | Pas de commentaires »

La Comtesse

Actrice, elle a souvent privilégié des choix audacieux et personnels. Réalisatrice, elle a commencé par deux films proches du cinéma vérité, dont elle prend le contrepied total avec cette troisième réalisation. Avec La Comtesse, inspiré d’une histoire vraie, Julie Delpy choisit une approche plus classique, adoptant une mise en scène élégante et volontairement froide, presque austère, pour faire ressentir le poids d’une époque aux conventions très présentes.

Beau portrait d’une femme mal dans son époque, La Comtesse offre aussi à l’actrice l’un de ses plus beaux rôles, d’une rare richesse : Erzsébet Bathory, cette veuve riche et puissante de la Hongrie du 17ème siècle, qui cherche par tous les moyens à retenir cette jeunesse qui s’envole en même temps que s’éloigne son amant trop jeune. Une femme libre, autant que ce soit possible dans cette société faite de carcans et d’obligations pour les femmes. Une femme forte, en tout cas, qui sait ne pas être l’égale des hommes, et qui souffre d’en être dépendante.

Dans sa quête absolue de la jeunesse, cette « comtesse » à qui on a appris enfant à rester insensible à tout, ira très loin pour ressentir ce souffle de vie qu’elle attribue justement à la jeunesse : pratiquant le sado-masochisme avec un noble évoquant le fameux prince Vlad (celui qui aurait donné naissance au mythe de Dracula), pour finalement se laver le visage du sang de jeunes vierges dans des séquences parfois difficilement soutenables.

La Comtesse plonge dans les origines des grands mythiques horrifiques européens, de Dracula à Blanche-Neige. L’univers du film, c’est le fondement de tout un pan du récit d’horreur : on y croise le sarcophage mortel du Masque du Démon de Mario Bava, ou la chambre murée d’Edgar Poe…

Au-delà de cette descente aux enfers terrifiante, le film de Julie Delpy met l’accent sur la belle (mais oui) histoire d’amour contrariée, qui tourne à l’obsession, et à la folie. Pas question pour elle de tourner un film d’horreur. Même si l’histoire est terrible, et si la « comtesse » est bel et bien l’une des premières « tueuses en série » de l’histoire, le film est avant tout le portrait d’une amoureuse, et d’une société qui broie les individus.

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