Josey Wales, hors-la-loi (The Outlaw Josey Wales) – de Clint Eastwood – 1976
Avec son premier western en tant que réalisateur (L’Homme des hautes plaines, deux ans plus tôt), Clint Eastwood imposait un ton singulier dans le genre, tout en s’inscrivant dans la mouvance de Sergio Leone. Avec ce Josey Wales, qu’il a décidé au dernier moment de réaliser lui-même (virant ainsi Philip Kaufman, pour « divergence de point de vue »), Eastwood confirme la singularité de son regard, se démarque totalement de l’influence leonienne, et filme une œuvre à la fois respectueuse (voire même amoureuse) du genre, et totalement atypique.
Si on doit chercher une filiation, on la trouverait d’avantage du côté du Ford des Raisins de la colère : un cinéma de mouvement où le poids de l’histoire est un moteur, où la société « organisée » est une menace, et où le héros avance en se créant son propre environnement, son propre foyer. D’une histoire de vengeance, Eastwood tire un film sur une renaissance, et la constitution d’une nouvelle patrie.
Le massacre de sa famille par les francs tireurs nordistes plonge le paisible fermier Josey Wales au cœur de la guerre de Sécession, et coïncide pour lui avec la disparition du Sud qu’il a toujours connu. La réconciliation ayant tourné au bain de sang, Josey Wales comprend avant tout le monde qu’il ne peut compter que sur lui-même pour reconstruire quelque chose.
Cette reconstruction passe par des rencontres, violentes ou insolites, et par la construction d’une communauté. Et comme souvent dans son œuvre (Honkytonk Man, Bronco Billy…), cette communauté est forcément foutraque : un vieil Indien incapable de suivre une piste, une grand-mère acariâtre, une jeune fille un peu demeurée, une squaw indésirable car trop facile, et un indispensable bâtard, souffre-douleur privilégié de notre héros.
Josey Wales est aussi un grand film d’action, pleine de grandes scènes de fusillades mémorables. Une sorte de variation mure, apaisée et humaine sur le thème du Bon, la brute et le truand, avec cette traversée d’un pays rongé par la violence. Un premier chef d’œuvre westernien pour le futur réalisateur de Impitoyable.
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