Le Mariage est pour demain (Tennessee’s Partner) – d’Allan Dwan – 1955
Dans la série des films de Dwan produits par Benedict Bogeaus, qui forment un corpus d’une remarquable cohérence, avec les couleurs chaudes de John Alton, celui-ci est l’un des plus réussis, et des plus surprenants à la fois.
Sur le papier, Tennessee’s Partner est un film d’une grande noirceur, jonché de cadavres, avec une foule transformée en meute assoiffée par l’appât du gain, une femme fatale et une amitié mise en péril. Mais Dwan filme cette histoire comme une comédie, avec une légèreté qui contraste avec la gravité du sujet. Un heureux mélange des genres qui fait du film une oeuvre si singulière.
Résultat : un western curieux et fascinant dominé par la tendre amitié liant Tennessee et Cowpoke, deux figures archétipales de western (un mineur et un joueur de poker) minées par leur solitude. Mais si les personnages sont des archétypes, l’amitié entre ces deux-là ne ressemble à aucune autre dans la longue histoire du genre, aux antipodes des liens virils habituels. John Payne (formidable et à la rigidité irrésistible) et Ronald Reagan (dans l’un de ses meilleurs rôles) apportent une pointe d’auto-dérision bienvenue.
Le film ne tombe pourtant jamais dans la pure comédie. La légèreté n’est qu’apparence, et ce film singulier frappe aussi par la violence de certaines situations, par la radicalité des sentiments, et par sa manière d’opposer l’amitié et l’amour. Pour vivre pleinement son amitié avec son « partner », Tennessee devra écarter celle que son ami devait épouser. Et se poser la question de son propre avenir avec la belle Rhonda Fleming, élément troublant de l’équation, superbe en tenancière de salon de jeux (entre autres), femme forte et amoureuse.
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